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Ukraine : la politique étrangère pétrolière de Stephen Harper


Envoyé : vendredi 14 mars 2014 16:11

http://www.algerie360.com/algerie/alors-que-la-presse-americaine-confirme-la-presence-des-marines-au-sud-de-la-tunisie-moscou-alerte-alger/

Ukraine : la politique étrangère pétrolière de Stephen Harper

Par Pierre Dubuc

Mondialisation.ca, 09 mars 2014

lautjournal.info

Dans son plus récent ouvrage, The War That Ended Peace. The Road to 1914 (Allen Lane), Margaret MacMillan, l’auteure du best-seller Les Artisans de la paix, raconte comment les populations européennes ont été prises par surprise par le déclenchement de la Première Guerre mondiale. « La plupart des Européens, écrit-elle, croyait qu’une guerre généralisée était soit impossible, improbable, ou devoir se terminer rapidement. »

Pourtant, de nombreux facteurs y conduisaient, dont l’émergence de l’Allemagne au rang de grande puissance. Mme MacMillan voit des similitudes avec la situation actuelle. Elle n’est pas la seule. Dans son édition du 21 décembre 2013, The Economist, le magazine de référence des classes dirigeantes à travers le monde, rappelle qu’à la veille de la Grande Guerre « la mondialisation et les nouvelles technologies – le téléphone, le bateau à vapeur, le train – avaient noué le monde dans une même toile », comme c’est le cas aujourd’hui.

The Economist rappelle les propos de l’économiste John Maynard Keynes décrivant « la vie d’un Londonien de l’époque, ‘‘dégustant son thé le matin au lit’’ et passant la commande ‘‘de produits variés provenant de partout à travers le monde’’ pour être livrés à sa porte, comme c’est possible de le faire aujourd’hui avec Amazon – et contemplant cet état du monde comme ‘‘normal, assuré et permanent, sauf dans la perspective de nouvelles améliorations’’ ».

Un an plus tard, éclatait un conflit qui allait faire 9 millions de morts et autant de blessés.

The Economist trouve troublants les parallèles qui peuvent être tracés aujourd’hui avec les années précédant la guerre de 14-18. « Les États-Unis sont la Grande-Bretagne, la superpuissance en déclin, incapable d’assurer la sécurité globale. Son principal partenaire, la Chine, joue le rôle de l’Allemagne, une nouvelle puissance économique qui agite une indignation nationaliste et développe ses forces armées. »

Le magazine britannique conclut son éditorial sur une note optimiste: « Il n’y a aucune chance que les présents dangers auxquels le monde est confronté ne mènent à quelque chose de comparable aux horreurs de 1914 ». Une conclusion à John Maynard Keynes, quoi!

Le capitalisme et la guerre

Des propos rassurants, il s’en prononce beaucoup ces jours-ci à propos des événements en Ukraine. Et il est fort possible que la tension baisse, qu’une nouvelle « normalité » s’installe et que chacun retourne confectionner sa liste d’achats sur Amazon.

Mais ce ne sera que partie remise. D’autres tensions vont se manifester qui risquent d’amener l’humanité au bord d’une conflagration générale.

Le grand socialiste Jean Jaurès disait que « le capitalisme porte en lui la guerre, comme une nuée dormante porte l’orage » et, à l’époque de l’impérialisme, le développement économique inégal des pays provoque des appétits pour une redistribution des sphères d’influence et des sources de matières premières.

De tout temps, les militantes et militants pacifistes de toutes allégeances se sont donné comme objectif de lutter contre la guerre en ciblant leur propre gouvernement, leur propre classe dirigeante. C’était vrai à l’aube de la Première Guerre mondiale, comme ce le fut lors de la Guerre du Viet-nam. Ça demeure vrai aujourd’hui avec les événements en Ukraine.

Le Canada en Ukraine : un « remake » de la « Révolution orange »?

Le gouvernement de Stephen Harper est fidèle à sa réputation de va-t’en-guerre. Il a rappelé son ambassadeur à Moscou, boycotte les jeux paralympiques de Sotchi et est partisan de sanctions économiques et de l’expulsion de la Russie du G-8.

Face aux événements d’Ukraine, Stephen Harper fait montre d’une belle hypocrisie en dénonçant l’intervention russe, alors que le ministre des Affaires étrangères John Baird se faisait récemment filmé sur la place de l’indépendance à Kiev en portant le foulard des protestataires qui ont renversé le gouvernement en place. Une contradiction qu’a bien relevée le caricaturiste Bado du journal Le Droit d’Ottawa.

Ce n’était pas la première intervention canadienne dans les affaires ukrainiennes. Un article du Globe and Mail (14 avril 2007), sous la signature de Mark MacKinnon, nous a appris que des diplomates et des politiciens canadiens ont joué un rôle de premier plan dans la « Révolution orange » de 2004.

L’ambassade canadienne aurait versé plus d’un demi-million de dollars et aurait organisé des réunions secrètes avec les représentants de 28 ambassades de pays occidentaux pour influencer le résultat de l’élection.

Un Canadien d’origine ukrainienne, M. Wrzesnewskyj, s’est vanté à l’époque d’avoir investi 250 000 $ de sa fortune personnelle dans l’élection en faisant transiter les fonds par l’intermédiaire de l’Université de l’Alberta. Il a parrainé le contingent de 500 observateurs venus du Canada à même des fonds fédéraux et de 500 autres Ukrainiens venus de façon « indépendante ». (1)

La politique de l’opposition ukrainienne

Le Parti de Paul Martin hier, et le gouvernement de Stephen Harper aujourd’hui, n’appuient pas un mouvement dirigé par des forces progressistes. La journaliste Agnès Gruda de La Presse avait commencé dans son article du 2 février à tracer un portrait réaliste des forces d’opposition et de leurs leaders.

Elle attirait, entre autres, notre attention sur Oleg Tiagnibok, dirigeant du parti Svoboda (Liberté), un parti, écrivait-elle « flirtant avec le fascisme » et prônant « l’expulsion des Juifs et des Russes hors de l’Ukraine ».

Elle mentionnait également le rôle du Praviy Sektor (secteur de droite) qui loge à l’extrême droite de l’échiquier politique et des « Ultras, ces houligans des stades qui assurent désormais la protection des manifestants ».

Mais, dans sa chronique du 4 mars, elle fait marche arrière et se range derrière la politique étrangère canadienne.

« Oui, c’est vrai, écrit-elle, les opposants ukrainiens comptent dans leurs rangs des ultranationalistes de droite. Mais ils ne sont pas plus infréquentables que la droite nationaliste qui s’est frayé un chemin vers bien des Parlements européens sans que personne ait l’idée de régler le problème par une intervention armée! »

Mince consolation! Il est sans doute vrai que « l’immense majorité des protestataires ukrainiens étaient pacifiques et non armés », comme l’affirme la journaliste de La Presse, mais la question importante est de savoir qui dirige le mouvement de protestation.

Agnès Gruda reconnaît que « la nouvelle majorité parlementaire a abrogé une loi qui protégeait la langue russe », mais elle minimise l’événement et ne semble pas y voir un lien avec Svoboda et Praviy Sektor.

Nous lui conseillons, ainsi qu’à nos lecteurs, l’article en manchette de la dernière édition du Monde diplomatique intitulé : « En Ukraine, les ultras du nationalisme ». Elle y apprendra qu’un des héros du parti Svoboda est Stepan Bandera (1909-1959), qui a collaboré avec les nazis, lors de la Seconde guerre mondiale. Des bataillons ukrainiens ont participé au massacre de trois millions d’Ukrainiens, dont 900 000 Juifs.

Svoboda est le nouveau nom du Parti social-national ukrainien dont l’emblème était la croix gammée. Le changement est survenu à leur congrès de 2004 où l’invité d’honneur était nul autre que Jean-Marie Le Pen, président du Front national français.

La politique étrangère pétrolière de Stephen Harper

La politique canadienne n’est pas étrangère à la présence en sol canadien d’une importante diaspora ukrainienne. De toute évidence, le Parti Conservateur veut faire des gains auprès de cet électorat lors des prochaines élections.

Mais il y a aussi des considérations géopolitiques à la base de la politique canadienne. Des voix se font entendre aux États-Unis pour que leur pays, maintenant autosuffisant en hydrocarbures par suite de l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste, envisage d’exporter des produits pétroliers vers les pays d’Europe de l’ouest pour réduire, voire éliminer, leur dépendance à l’égard des hydrocarbures russes. , Une dépendance qui explique, selon eux, la réaction timorée de l’Europe face aux événements en Ukraine.

Nul doute que les intérêts pétroliers de l’Alberta, frénétiquement à la recherche de nouveaux marchés, et le gouvernement Harper font le même calcul. Approvisionner l’Europe en pétrole, et la rendre dépendante de l’Amérique du Nord pour son énergie, lui permettrait de prendre des positions plus agressives, voire bellicistes, à l’égard de la Russie. Une situation explosive qui nous rapprocherait du déclenchement d’un conflit mondial.

Pour rejoindre les marchés européens, le pétrole de l’ouest canadien devra nécessairement transiter par le Québec. Le projet d’oléoduc de Trans-Canada Pipelines qui doit rejoindre le port de St-John au Nouveau-Brunswick est taillé sur mesure pour remplir ce rôle.

La guerre est la continuation de la politique

Le grand stratège militaire Carl Von Clausewitz a écrit que « la guerre était la continuation de la politique par d’autres moyens ». Pour établir le caractère d’une guerre – juste ou injuste – il faut analyser la politique qui a conduit à la guerre.

L’Ukraine a droit au maintien de sa souveraineté, mais la question en jeu n’est pas l’autodétermination de l’Ukraine. Nous faisons plutôt face à une tentative des États-Unis, du Canada et des pays européens pour détacher l’Ukraine de la sphère d’influence russe. C’est la même politique que celle qui a mené au démantèlement de la Yougoslavie.

La politique ukrainienne du gouvernement Harper n’est pas une politique d’appui au peuple ukrainien, mais une politique d’appui à des groupes néo-fascistes, une politique dictée par les intérêts pétroliers de l’ouest canadien.

Les actions de la Russie en Crimée violent la souveraineté de l’Ukraine. Mais les États-Unis et le Canada sont bien mal placés pour faire la leçon à la Russie après leurs interventions en Afghanistan, en Irak (dans le cas des États-Unis), en Yougoslavie et, dernièrement, en Libye.

Aux progressistes russes de dénoncer l’action de leur gouvernement et de leur classe dirigeante. À nous de ne pas se laisser entraîner dans la propagande de guerre anti-russe de notre gouvernement, qu’elle soit déguisée, comme lors des Jeux Olympiques, ou bien ouverte, comme ça pourrait être prochainement le cas.

Dans son livre, Mme MacMillan soutient la thèse que les leaders politiques avaient leur part de responsabilité dans le déclenchement de la Première Guerre mondiale.

Si tel est bien le cas, notre devoir est de contrer la propagande du gouvernement de Stephen Harper.

Pierre Dubuc

Sur l’implication canadienne dans la « Révolution orange de 2004.

Écoutes téléphoniques Ukraine : Les desseins machiavéliques de Catherine Ashton et Victoria Nuland

Par Wayne Madson

Mondialisation.ca, 12 mars 2014

C’est devenu un rituel qui fonctionne à chaque fois : lorsque Washington tente de changer un régime, de mystérieux snipers font leur apparition qui tuent à la fois des forces gouvernementales et des manifestants de son opposition. Puis ils disparaissent et ne sont en principe jamais retrouvés. C’est le cas aujourd’hui en Syrie, en Ukraine et au Venezuela. En Syrie, les événements de Deraa ont dressé, durant une année, une partie de la population contre son gouvernement. Au Venezuela, les légistes ont prouvé que les tireurs étaient les mêmes des deux côtés et la contestation s’essouffle. En Ukraine, des interceptions téléphoniques et les réactions qu’elles suscitent ne laissent guère de doutes, observe Wayne Madsen. (Réseau Voltaire)

Après la révélation au grand public des conversations téléphoniques interceptées, le voile est levé sur les desseins secrets pour l’Ukraine des deux va-t-en guerre de la gent féminine qui servent de figures de proue à la politique étrangère de l’Occident : Victoria Nuland, secrétaire d’État adjointe des USA, déléguée aux Affaires européennes et eurasiennes, et Catherine Ashton, Représentante officielle de l’Union européenne et autrefois propagandiste de premier plan de la Campagne pour le Désarmement nucléaire menée en Grande-Bretagne. Catherine Ashton, dont la conversation téléphonique avec Urmas Paet, le ministre estonien des Affaires étrangères, fut la seconde à être divulguée, détient depuis le premier décembre 2009 le titre ronflant de Haut-Représentant pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité de l’Union européenne, et, depuis 1999, date de son accession à la chambre des Lords, le dérisoire et très féodal titre de baronne Ashton de Upholland.

Ceux qui soutiennent Catherine Ashton surestiment ses mérites. On peut la voir dans l’exercice de ses fonctions de ministre des Affaires étrangères de l’Union européenne, dans une vidéo filmée au siège de l’UE à Bruxelles, complètement affolée : ni elle, ni Robert Cooper, son envoyé britannique dans les Balkans, n’avaient la moindre idée de ce à quoi pouvait ressembler Tomislav Nikolic le président de la Serbie, quelques minutes à peine avant de l’accueillir à la cérémonie de bienvenue organisée à son intention. Catherine Ashton est mariée à Peter Kellner, un ancien journaliste britannique. Peter Kellner appartient au cercle des dirigeants de l’institut de sondages YouGov. Cette société ne vit pas seulement des sondages politiques et électoraux, elle tient en haleine les médias de l’info-spectacle avec des enquêtes d’opinion visant à pronostiquer lequel des favoris deviendra la nouvelle idole à chaque étape des concours que proposent des programmes TV aussi ineptes que Pop Idol et X-Factor.

Dans son entretien téléphonique du 26 février avec la baronne Ashton, le ministre estonien des Affaires étrangères, Urmas Paet, lui révèle que, selon une source crédible, les manifestants et les policiers ukrainiens ont été tués par les mêmes tireurs embusqués [1]. Paet était présent à Kiev le 25 février, durant les violents affrontements qui ont opposé les manifestants aux policiers sur l’EuroMaidan. Il est maintenant flagrant que les violences ont été attisées par des tireurs embusqués et d’autres provocateurs, y compris des bandes de néonazis et des mercenaires étrangers, commandités par l’opposition politique Ukrainienne .

Au cours de la discussion, Paet révèle à Ashton qu’un médecin ukrainien, le docteur Olga Bogomolets, une figure importante de la société civile, l’a convaincu, lors de sa visite à Kiev, que les balles qui se sont abattues sur les manifestants et les policiers provenaient des mêmes armes, et que l’opposition couvrait les meurtriers. Le docteur Bogomolets ne fait pas partie de la cour de Ianoukovytch, le président en exil. Elle était le médecin personnel de Victor Iouchenko, le président installé par la « révolution orange ». Elle a perçu des subsides de Radio-Liberté que financent Georges Soros et la CIA .Elle a par ailleurs encouragé ses étudiants en médecine à participer aux manifestations de l’EuroMaidan à Kiev. Bogomolets a convaincu Paet que les balles qui ont frappé indistinctement les manifestants et les policiers avaient été tirées par les mêmes armes à feu, et que l’opposition était derrière les attaques. On relèvera avec intérêt que Bogomolets a déclaré avoir décliné l’offre —des dirigeants de l’opposition— de participer au nouveau gouvernement comme ministre déléguée auprès du Premier ministre pour les Affaires humanitaires.

Si l’on en croit l’appel téléphonique enregistré, dit-on, par des agents des services de sécurité ukrainiens (SB) restés fidèles à Ianoukovytch, Ashton feint d’être ébahie lorsque Paet lui annonce que, selon toute vraisemblance, l’opposition ukrainienne a massacré plus de soixante-dix de ses propres partisans, auxquels il faut encore ajouter les policiers. La série d’attaques des tireurs embusqués n’est rien d’autre qu’une opération sous faux drapeau, pilotée par l’opposition et ses soutiens de l’Occident, destinée à susciter la sympathie et le soutien de l’opinion publique.

Paet : « Toutes les preuves montrent que les personnes des deux camps abattues par les tireurs embusqués, les policiers et les gens qui étaient là dans la rue, c’étaient les mêmes tireurs embusqués qui les tuaient, dans les deux camps… Elle m’a aussi montré des photos. Elle m’a dit qu’en sa qualité de médecin, elle pouvait dire que c’était la même signature, le même type de balles… et il est très inquiétant que, maintenant, ceux de la nouvelle coalition, ils ne veulent pas enquêter sur ce qui s’est passé exactement. Donc, à présent, il est de plus en plus évident pour tout le monde que ce n’est pas Ianoukovytch qui était derrière les tireurs embusqués sur les toits, c’était quelqu’un de la nouvelle coalition. »

Ashton : « Je pense que nous avons effectivement besoin d’enquêter. Je veux dire… Je n’ai pas eu vent de cette histoire. C’est intéressant ; çà alors ! … »

Paet : « C’était donc très préoccupant de voir tout ça circuler et prendre de l’ampleur. Cela discrédite déjà la nouvelle Coalition. »

Répondant à Paet, Ashton s’emploie ensuite à jeter le doute sur les informations que Bogomolets et lui ont collectées, qui montrent que l’opposition était derrière le mitraillage des manifestants et des policiers. Ashton défend les parlementaires de l’opposition engagés dans le mouvement de protestation, contre les médecins, et déclare, en parlant des dirigeants de la contestation : « Ils doivent s’occuper de cela aussi mais leur tâche est d’exiger la mise en œuvre de changements profonds et de faire fonctionner le parlement [Rada]. Si le parlement ne fonctionne pas, c’est le chaos total qui vous attend. Donc, on peut penser qu’un manifestant, qu’un médecin, c’est quelqu’un qui compte, qui compte beaucoup, mais ce ne sont pas des responsables politiques, et, d’une façon ou d’une autre, ces gens vont devoir s’accommoder de la situation durant les prochaines semaines. »

En substance, Ashton dit à Paet que Bogomolets, comme militante et comme médecin, n’a pas à se mêler de critiquer les décisions politiques machiavéliques de l’opposition parlementaire ukrainienne que pilote le trio Vitali Klitschko – Arsenly Yatsenyuk – Oleh Tyahnybok (le boxeur, le vétéran de la Banque mondiale, et le chef des néonazis du parti Svoboda). En d’autres termes, Ashton sous-entend qu’un boxeur, un technocrate de la Banque mondiale et une brute nazie sont davantage qualifiés pour se prononcer sur l’avenir de l’Ukraine qu’une femme soucieuse de faire la lumière sur le rôle de l’opposition dans le massacre des manifestants de son propre camp, utilisés comme de la chair à canon, doublé du massacre des policiers qui s’efforçaient de restaurer l’ordre public.

Aussitôt que cette conversation entre Ashton et Paet a été révélée au grand jour, les grands médias qui contrôlent l’information en Occident ont émis des doutes sur son authenticité. Ils ont dégainé et agité dans tous les sens leurs sarcasmes et leurs slogans anticonspirationnistes habituels. Toutefois, les services du ministre estonien des Affaires étrangères ont confirmé l’authenticité de l’enregistrement dans un communiqué à la presse indiquant que : « La conversation entre le ministre des Affaires étrangères, Urmas Paet, et la responsable des Affaires étrangères de l’Union européenne, Catherine Ashton, mise en ligne ce jour sur internet, est authentique. Il s’agit d’un échange téléphonique. Ces paroles ont été échangées par Urmas Paet et Catherine Ashton le 26 février, à l’issue du déplacement en Ukraine du ministre estonien des Affaires étrangères, immédiatement après l’interruption des violences. Le ministre des Affaires étrangères, Urmas Paet, rapporte les commentaires qu’il a faits sur les réunions du jour précédent et exprime ses préoccupations à propos de la situation en cours. Monsieur Paet a confié qu’il estimait “tout à fait regrettable qu’une telle interception [de son entretien téléphonique] ait pu advenir” ». Il est manifeste, depuis le début, que les évènements survenus en Ukraine ont été planifiés par des provocateurs, des agitateurs, des experts en « révolutions colorées », sortis des tiroirs du département d’État US, de la CIA, du MI6 britannique et de l’Union européenne. Le plan de route de Catherine Ashton vient compléter celui de Victoria Nuland, éventé lui aussi malencontreusement par une autre écoute téléphonique en janvier dernier [2]. L’échange téléphonique entre Geoffrey Pyatt, l’ambassadeur des États Unis en Ukraine, et Victoria Nuland, a révélé que l’administration Obama était déjà en train de sélectionner les récipiendaires des portefeuilles du futur gouvernement ukrainien alors même que Catherine Ashton et Jeffrey Feltman, son duplicata idéologique, sous-secrétaire général de la Commission des Affaires étrangères de l’ONU, faisaient mine de s’intéresser à la recherche d’une solution négociée à la crise, avec Ianoukovytch, le président élu démocratiquement. Nuland, qui exprimait son soutien à l’accession de Iatsenyouk à la tête de l’État ukrainien, avait manifesté tout l’intérêt qu’elle porte à la coopération avec ses homologues européens en se fendant d’un « Que l’Union européenne aille se faire enculer ! « Elle venait de dire à Pyatt que les États Unis réaliseraient leurs objectifs politiques avec le soutien préalablement négocié et réglé de la délégation de l’ONU. Feltman, qui conduisait cette délégation, emmenait dans son sillage son patron, le secrétaire général Ban Ki-moon, connu des journalistes de son pays comme « l’insaisissable anguille », un souvenir évocateur du temps de ses anciennes fonctions de ministre des Affaires étrangères de la Corée du Sud, et le diplomate Robert Serry, envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU en Ukraine. Dans la même conversation, Victoria Nuland exprime aussi sa grande confiance en Robert Serry, l’ancien ambassadeur du Danemark en Ukraine, né à Calcutta, avec un nom plutôt inhabituel pour un Danois. Lorsqu’il exerçait en tant que coordonnateur spécial des Nations unies pour le processus de paix au Proche-Orient, Serry avait déploré les attitudes partiales et discriminatoires envers Israël dans l’enceinte des Nations unies. Pareil langage ne pouvait manquer de lui gagner les faveurs de Nuland et Feltman, tous deux étant connus pour leur double allégeance, plaçant les intérêts d’Israël sur le même plan que ceux des États-Unis.

Il est clair que ni l’échange téléphonique de Catherine Ashton, ni celui de Victoria Nuland, ne devaient parvenir jusqu’aux oreilles des masses. Pourtant, ne leur en déplaise, grâce à des agents des services de sécurité ukrainiens loyaux et compétents, le monde entier n’ignore plus rien de la perfidie de ces deux femmes badinant plaisamment sur la voie la plus sûre pour précipiter l’Europe —voire le reste de la planète— dans un embrasement épouvantable.

Wayne Madsen

Article original en anglais : Phone Wrecks: The Secret Agenda of Ashton and Nuland Revealed, strategic-culture.org, le 7 mars 2014.

Traduction : Gérard Jeannesson, voltairenet.org

[1] « La propagande anti-ukrainienne et les mystérieux snipers », Réseau Voltaire, 6 mars 2014.

[2] « Conversation entre l’assistante du secrétaire d’État et l’ambassadeur US en Ukraine », Oriental Review/Réseau Voltaire, 7 février 2014.

Wayne MadsenWayne Madson : Ancien contractant de la National Security Agency (NSA), devenu journaliste spécialisé sur le renseignement électronique, puis sur le renseignement en général. Il a notamment été chef de rubrique de la revue française Intelligence Onlinejusqu’à son rachat par Le Monde. Il publie le Wayne Madsen Report et intervient régulièrement sur la chaîne satellitaire Russia Today.

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