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Un quotidien français s’interroge – enfin – sur la crédibilité de l’OSDH.


Par Louis Denghien

 
 
 

Au bout d’une quinzaine de mois d’exagérations et de bobards de guerre, cerains journalistes français se posent des questions sur la fiabilité de leur « fournisseur » et la qualité de ses « produits ». Mieux vaut tard que jamais…

Le site du quotidien La Croix publie le 24 juin un article consacré à la couverture – française – des événements de Syrie qui fait date. On y trouve certes les critiques habituelles contre la politique de Damas vis-à-vis de journalistes étrangers. À ce sujet, sans nier la méfiance « atavique » du régime envers des médias qu’il soupçonne – à bon droit – d’hostilité systématique à son encontre, on dira que malgré tout, et même au plus fort de la crise, des journalistes ont pu entrer légalement en Syrie, par exemple Hala Jaber du Sunday Times, dès juin 2011, et d’autre encore (voir nos articles « Hala Jaber du Sunday Times : « Oui, il y a des terroristes islamistes en Syrie » » et « Pas de journalistes occidentaux en Syrie ? On en a quand même trouvé quelques uns », mis en ligne le 29 juin et le 5 août 2011). Et, bien sûr, ce mouvement s’est amplifié depuis un mois, dans le sillage de l’acceptation par Damas du plan de paix de Kofi Annan.

Les accusations précises de Fabrice Ballanche

Mas l’intérêt de l’article d’Agnès Rotival est ailleurs : dès la première ligne, elle aborde, seule de tous ses confrères français de puis longtemps, sur la nature et la fiabilité de l’Observatoire syrien des droits de l’homme qui, constate-t-elle, « s’est taillé une place démesurée« , reprenant ainsi les accusations de l’universitaire français Fabrice Ballanche, dont nous avons déjà relayé les analyses iconoclastes (voir notre article « L’universitaire F.Ballanche dit au Monde des vérités pas bonnes à entendre pour Alain Juppé, et bien d’autres », mis en ligne le 13 avril 2012 ). Ballanche, en effet, citée par la journaliste de La Croix, est très sévère pour l’OSDH dont il dit qu’il est financé par les médias panarabes du type al-Jazeera, et qu’il est ni plus ni moins « qu’un instrument de propagande favorable aux Frères musulmans syriens« .

Fabrice Ballanche, qui a quand même vécu dix ans en Syrie, pointe « l’incohérence » des chiffres avancés par l’officine de RamiAbdel Rahmane : « Les pertes de l’armée syrienne sont gonflées pour faire croire à la débandade, alors qu’il n’en est rien« . Et Ballanche de préciser son propos : « Lors du siège par l’armée de Haffé (début juin, près de Lattaquié), l’OSDH a écrit que l’ASL s’en était retirée pour protéger les civils. Or, il n’y avait déjà plus de civils. Les chrétiens avaient quitté les lieux depuis 20011, les sunnites et les alaouites avaient suivi ». Et bien sûr, ce qui est vrai de Haffé l’est, à une tout autre échelle, d’une large partie de Homs.

Mais, plus encore que l’OSDH qui est, après tout dans son rôle de propagandiste, Fabrice Ballanche s’en prend à la presse occidentale, française en particulier : « Personne ne questionne les sources de l’OSDH, sa façon de rapporter les faits« . Ce, estime-t-il à bon droit, en raison d’un « parti pris » (pro-opposition) de la « majorité » (litote et euphémisme) de la presse en Franc et aux États-Unis. Et là encore, Ballanche, interrogé par La Croix, donne un exemple archétypal de ce parti pris : « Pendant de jours, l’OSDH, relayé par les médias occidentaux, a tenu l’opinion publique en haleine sur le siège de Bab Amr à Homs, mais il n’a jamais mentionné les exactions et les assassinats d’alaouites par l’opposition dans cette région ».

La journaliste de La Croix pointe de son côté l’information « largement partisane » (formulation un peu jésuitique, si l’on peut se permettre) diffusée par les chaînes qatarie et séoudienne al-Jazeera et al-Arabiya, ce à des fins géopolitiques, pour brise l’axe Liban/Syrie/Iran. Et Agnès Rotivel de passer la parole au jésuite Paolo Dall’Oglio, clairement pas un thuriféraire de Bachar al-Assad – il a été récemment expulsé de Syrie – qui rappelle une évidence silenciée par la plupart des journalistes français : « Les informateurs syriens de ces chaînes sont des activistes révolutionnaires« .

Il y a d’autres choses intéressantes encore, d’autre spécialistes interrogés dans cet article qui sauve un peu l’honneur d’une corporation assez complètement « normalisée » idéologiquement. Un article qui n’est guère tendre non plus avec la propagande gouvernementale. Mais au moins il y a rééquilibrage de l’analyse.

Et puis, même, on a des informations exclusives – et pour cause – sur la personnalité de M. rami Abdel Rahmane : l’homme aurait donc 40 ans, serait un ex-entrepreneur sunnite exilé en Grande-Bretagne depuis 2000. Il travaillerait avec l’aide d’une traductrice. Encore Agnès Rotivel ne nous dit-elle rien de ses liens avec le Foreign Office britannique. Mais elle en dit toujours plus sur le sujet que Le Monde et Libération, de « bons clients » de R. A. Rahmane…


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