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Une bonne nouvelle pour les vrais amis de la Syrie : le CNS vient d’éclater


Par Guy Delorme, le 29 février 2012 

Combat de radicaux dans un tunnel sans fin : Hytham al-Maleh, après Haytham al-Manna, vient de rompre avec le CNS

 L’opposition syrienne « en voie de décomposition » : ce n’est pas nous qui prenons nos désirs pour des réalités, c’est Le Point qui intitule ce 29 février l’article qu’il consacre à l’importante scission que vient d’enregistrer le Conseil national syrien (CNS), principal regroupement de l’opposition radicale au gouvernement de Damas, sous dominante Frères musulmans et sous étroit contrôle turc, et interlocuteur privilégié des Occidentaux qui venaient d’en faire le représentant officiel du « peuple » syrien au sommet de Tunis.

La fin d’une imposture ?

Eh bien ce ne sont pas mois de 20 de ses cadres dirigeants qui ont claqué la porte dimanche, pour créer aussitôt une structure rivale, le « Groupe patriotique syrien« . Celui-ci accuse le CNS, entre autres, de n’avoir pas su ou pu obtenir « de résultats satisfaisants » et répondre « aux demandes des insurgés présents à l’intérieur de la Syrie » pour reprendre les termes d’un communiqué transmis à Reuters. Le président du Groupe patriotique syrien est Haytham al-Maleh,un avocat octogénaire, emprisonné entre octobre 2009 et mars 2011, et qui a quitté la Syrie le 10 juillet suivant. A noter que depuis son exil européen, al-Maleh a d’abord exhorté Bachar al-Assad « à écouter l’opposition et à changer le régime« , avant de se radicaliser. Toutefois, en septembre dernier, il se prononçait nettement contre une intervention de l’OTAN sur le « modèle » libyen, préférant privilégier une « protection internationale » sous l’égide de l’ONU. On notera encore qu’il estimait alors que la chute du régime était une question de « semaines« …

On ne doit pas confondre Haytham al-Maleh avec Haytham Manna, qui avait claqué lui la porte du CNS dès juin 2011 pour fonder avec d’autres opposants de l’intérieur le « Comité national de coordination des forces de changement démocratique en Syrie » (CNCD ou CCND), encore appelé « Coordination nationale« . Plus implanté à l’intérieur de la Syrie, le CCCND s’appuie sur des groupes de gauche, des représentants des Kurdes et des personnalités intellectuelles : un recrutement différend du CNS, où quelques « libéraux » laïcs à la sauce occidentale cohabitent avec une majorité de Frères musulmans. Et des positions différentes : partisans comme les gens du CNS d’un départ de Bachar al-Assad, Haytham al-Manna et ses amis ne veulent pas entendre parler, au contraire de Burhan Ghalioun et du CNS, d’une intervention étrangère contre la Syrie, l’attitude du CNS étant le reflet du financement de cette organisation par le Qatar, en guerre ouverte contre Damas.

Tout récemment encore, lors du fameux sommet dit des « Amis de la Syrie« , tenu à Tunis sous l’égide des arabo-golfistes, de la France et des Etats-Unis, le CCND avait protesté contre le statut privilégié accordé par Clinton, Juppé et consorts au CNS, proclamé par ceux-ci à l’issue de la conférence « représentant légitime des Syriens qui cherchent un changement démocratique pacifique » pour reprendre la langue de bois occidentale. Haytham Manna et ses amis n’avaient pas attendu cette reconnaissance des fantoches du CNS pour boycotter le sommet, malgré les assurances que leur avait prodiguées le président tunisien Moncef Marzouki .

On verra comment se positionne désormais le Comité patriotique syrien, dont l’intitulé pourrait laisser supposer une plus grande indépendance vis-à-vis du Qatar, des Etats-Unis et de la France (on peut rêver).

Bref, l’éclatement du CNS a suivi de peu son adoubement par les Occidentaux : « Bien mal acquis ne profite jamais » disait-on naguère en France, et tous les – vrais – amis de la Syrie ne peuvent que se réjouir de la déconfiture de cette imposture. C’est un coup dur pour les radicaux et aussi les Occidentaux qui en ont fait leur créature, à commencer par Alain Juppé, très en pointe dans le soutien au CNS, au point de recevoir naguère Burhan Ghalioun comme un chef d’Etat.

Alain Juppé exprimait récemment la « frustration » que lui inspirait le dossier syrien. A notre avis, il devrait le laisser un peu en stand by, il en va de son équilibre nerveux !


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