Les Vandales sous la bannière de l’OTAN : L’art de la Guerre .
avril 9, 2013
Manlio Dinucci
Quand en mars 2001 deux antiques statues de Bouddha furent détruites par les talibans en Afghanistan, les images de l’acte de vandalisme firent le tour du monde, en suscitant une indignation légitime. Une chape de silence politico-médiatique recouvre au contraire ce qui se passe aujourdhui en Syrie. Les sites archéologiques sont non seulement endommagés par la guerre mais saccagés surtout par les « rebelles » qui, à la recherche de bijoux et de statuettes, détruisent souvent dautres précieux vestiges. A Apamea , ils ont emporté des mosaïques antiques et des chapiteaux romains en se servant de bulldozers. De nombreux musées, parmi les dizaines épars dans toute la Syrie , y compris celui de Homs, ont été pillés de biens ayant une valeur historique et culturelle inestimable, parmi lesquels une statue en or du VIIIème siècle avant JC et des vases du troisième millénaire avant JC. En deux années de guerre, des témoignages de millénaires dhistoire ont été effacés. Lappel de l’Unesco pour sauver les biens culturels syriens, faisant partie du Patrimoine mondial, n’est toujours pas entendu. La raison en est claire : les principaux auteurs de la destruction sont les « rebelles », armés et entraînés par les commandos et services secrets Usa/Otan, qui leur concèdent le « droit de mise à sac » et la possibilité de pouvoir emporter les biens culturels hors de Syrie pour les vendre au marché noir international. Pratique désormais bien établie. Au Kosovo en 1999, des églises et des monastères serbes orthodoxes médiévaux furent dabord détériorés par les bombardements, puis incendiés ou démolis par les milices de lUck, à qui lOtan donna aussi la possibilité de les mettre à sac, en volant des icônes et d’autres objets précieux. Par contre, en 2001, quand les talibans détruisirent les deux statues de Bouddha, les premiers à condamner cet acte furent les Etats-Unis et leurs alliés. Non pas, certes, pour sauvegarder le patrimoine historique afghan mais pour préparer l’opinion publique à la nouvelle guerre qui commença quelques mois plus tard quand, en octobre 2001, les forces étasuniennes envahirent l’Afghanistan en ouvrant la route à lintervention de l’Otan contre les forces des talibans : celles-là mêmes que les Usa avaient dabord contribué à former via le Pakistan et qui, après avoir rempli cet objectif, devaient être éliminées. En Irak, où pendant la guerre de 1991 au moins 13 musées avaient déjà été mis à sac, le coup de grâce au patrimoine historique a été porté avec l’invasion lancée par les Usa et ses alliés en 2003. Le site archéologique de Babylone, transformé en camp militaire étasunien, fut en grande partie rasé au sol par les bulldozers. Le musée national de Baghdad, laissé volontairement sans surveillance, fut mis à sac : avec la disparition de plus de 15mille objets, témoins de cinq mille années dhistoire, dont 10mille nont jamais plus été retrouvés. Pendant que les militaires étasuniens et les contractors participaient au sac des musées et des sites archéologiques et à la mise au marché noir des objets volés, le secrétaire à la Défense Rumsfeld déclarait « ce sont des choses qui arrivent ».
Comme aujourdhui en Syrie, pendant que le « monde de la culture » occidental observe en silence.
Edition de mardi 9 avril 2013 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20130409/manip2pg/14/manip2pz/338615/
Traduit de litalien par Marie-Ange Patrizio
NdT : Mosaïques dApamea :
http://www.flickr.com/photos/peguiparis/sets/72157632194413680/
Une nation sans histoire n’est plus une nation. Voilà ce que l’on cherche à faire des pays envahis ILLEGALEMENT. Ce sont des pays qui vagabondent dans le temps, des « loques humaines », pour ainsi dire. Les nations doivent oublier leur passé millénaire et riche, le plus souvent le berceau des civilisations.
A bas cette Amérique ignare et sanguinaire.