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Washington prépare l’opinion pour un plus grand engagement militaire en Irak et en Syrie


Publié par Gilles Munier sur 28 Février 2017,


Washington prépare l’opinion pour un plus grand engagement militaire en Irak et en Syrie

Interview de Brian Becker (revue de presse : RT en français – 27/2/17)*

Donald Trump va-t-il prochainement envoyer de 20 000 à 30 000 soldats au Proche-Orient pour lutter contre Daesh et renforcer la présence des Etats-Unis dans la région, se demande Brian Becker, coordinateur de la coalition anti-guerre ANSWER.

Brian Becker est co-directeur de l’International Action Center, membre du comité anti-guerre «ANSWER» et ex-membre du Parti du monde des travailleurs (WWP).

RT : Jusqu’à présent, Washington a affirmé que les forces américaines déployées à Mossoul n’étaient constituées que de conseillers… Or, il est maintenant admis qu’ils sont directement impliqués dans des opérations de combat. A votre avis, depuis combien de temps cela dure-t-il ?

Brian Becker (B.B.) : Je pense que cela dure depuis un certain temps. Nous savons que des soldats américains ont été blessés dans les combats en Irak, y compris dans la bataille pour la prise de l’Est de Mossoul. Ce qui est important ici, c’est de prendre du recul et de comprendre la politique de ce qu’on appelle la reconnaissance par le Pentagone que des troupes américaines sont maintenant engagées dans les combats et qu’elles ne sont pas là simplement pour aider ou former. C’est parce que l’administration Trump est en train de préparer l’opinion publique pour jouer un rôle militaire plus important en Irak et en Syrie. Le 28 février James Mattis, le secrétaire à la Défense, doit donner à Donald Trump son rapport sur la nouvelle stratégie en Irak et en Syrie pour vaincre Daesh. Et c’est dans la même nuit que Donald Trump s’adressera à la nation, aux deux chambres du Congrès. Tout cela est une préparation, une préparation politique pour préparer l’opinion publique à une remobilisation plus importante de troupes au sol en Irak.

RT : Vous dites qu’il y aura une remobilisation plus importante, pensez-vous que nous parlerons éventuellement d’une opération à part entière?

B.B. : Je pense que cette administration fait face à une sérieuse limitation, comme toute autre administration. Rappelez-vous, lors de sa campagne, en mars 2016, Donald Trump avait déclaré : «Nous allons envoyer de 20 000 à 30 000 soldats en Irak». Il avait dit : «C’est ce que les généraux me disent, c’est ce que j’entends». Bien sûr, ce chiffre n’était pas définitif, ce n’était qu’une déclaration générale. Néanmoins, il a articulé le chiffre de 20 000 à 30 000 soldats. Est-ce que Donald Trump peut le faire, est-ce que le peuple américain peut ou est-ce qu’il tolérera ce niveau d’engagement de troupes en Irak? Je ne le crois pas. Je pense donc qu’il y aura une solution bâtarde. De plus, le gouvernement américain essaie de démontrer qu’il est pertinent de s’engager dans la lutte contre Daesh en Syrie. L’Iran, la Turquie, la Russie et l’armée syrienne en particulier sont en train de vaincre Daesh et Al-Qaïda. Donald Trump veut lui aussi revenir dans la partie. Donc, tout cela fait partie d’un plan plus large pour montrer aux Américains que nous sommes en train de remobiliser d’une manière plus importante, plus importante que Barack Obama l’aurait fait. Mais ira-t-il jusqu’à 20, 30, 40 000 soldats, je pense que cela sera très difficile pour lui, étant donné les limites politiques fixées par l’opinion publique aux Etats-Unis.

RT : Ce n’est pas la première fois qu’un programme militaire américain de formation et d’assistance se transforme en opérations de combat à grande échelle… Est-ce que c’est une stratégie délibérée?

B.B. : Le président Barack Obama a fait la même chose. Le président Barack Obama a été élu en 2008 sur la promesse de mettre fin à ce qu’il appelait «la guerre stupide» en Irak. Mais il a dû revenir en Irak à grande échelle, il a dû envoyer des milliers de combattants au sol. Il fallait donc déguiser, camoufler tout cela en l’appelant par un autre nom. Il a parlé de conseillers à la formation et à l’assistance, tout comme John Kennedy avait déclaré que tel était le rôle des Etats-Unis au Vietnam dans les premières années de la guerre en 1961 et 1962. Mais oui, les troupes américaines sont là, elles sont là à grand échelle, mais est-ce que c’est possible d’envoyer des centaines de milliers de soldats, peut-il s’agir d’une intervention décisive comme cela s’est passé en 2003, je ne le pense pas. Je pense qu’il y a une limite au pouvoir américain et que cette limite se trouve aux Etats-Unis et qu’elle est fonction de l’opinion publique.

*Source : RT en français

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