Empire: La loi Magnitski ou le droit du plus fort .
décembre 11, 2012
Nikita Sorokine
Lundi 10 Décembre 2012
Le ministre des affaires étrangères russe a qualifié de « spectacle du théâtre de l’absurde » la procédure de vote sur le fameux acte Magnitski au Congrès des États-Unis. La politique pratiquée par Washington depuis les vingt dernières années se résume aux violations incessantes aussi bien de toutes conventions internationales relatives aux droits de l’homme que de la législation de nombreux États souverains. Il faudrait non pas une liste mais une bibliothèque entière pour énumérer toutes les violations commises par les Américains.
« Précisons toutefois que l’acte Magnitski est dans une grande mesure une concession faite par les autorités à une partie déterminée de l’élite américaine », estime le politologue Maxime Grigoriev.
» En plus d’être une construction juridique montée de toute pièce, ce document est une ingérence directe dans les affaires intérieures de notre pays », a souligné Maxime Grigoriev dans un entretien accordé à La Voix de la Russie.
« On pourrait incriminer aux États-Unis bien plus de violations évidentes des droits de l’homme qu’ils seraient incapables de réfuter. Les États-Unis s’offusqueraient certainement si on leur présentait une « liste Guantanamo » comme pendant de la « liste Magnitski » interdisant d’entrée en Russie tous les officiels américains impliqués dans les tortures, les enlèvements de personnes et leur détention dans la prison de Guantanamo, ainsi que les prisons secrètes de la CIA ».
On sait qu’après la tragédie du 11 septembre, les autorités américaines ont adopté la conception des frappes préventives contre les organisations et les » groupes terroristes » en Afghanistan . En même temps, les services spéciaux américains ont entrepris de traquer » les terroristes » et leurs complices aux quatre coins du monde.
L’arrestation de tout criminel doit être précédée des procédures juridiques nécessaires, à savoir l’instruction et l’intervention du procureur qui délivre le mandat d’arrêt. Les Américains ont décidé que puisqu’ils luttaient contre des » terroristes et non pas des criminels de droit commun », ils pouvaient se passer de toutes ces formalités. Les services spéciaux interpelaient et enlevaient à travers le monde les terroristes présumés et les envoyaient ensuite par paquets dans les prisons secrètes de la CIA aux finx d’enquête. Le schéma a été mis à jour avec l’aide des journalistes américains. En 2006 , le président George Bush junior a dû reconnaître l’existence des prisons secrètes. En 2009, le président Obama a donné l’ordre de les fermer, mais on soupçonne que certaines d’entre elles fonctionnent toujours.
Les tortures, les extraditions arbitraires et la détention sans fondements juridiques sont illégales selon toutes les règles et toutes les conventions internationales. On peut s’indigner à loisir du comportement des États-Unis mais rien ne changera du moment que ce pays s’est ,dès sa création ,réclamé de son droit d’exclusivité, note Viatcheslav Nikonov, vice-président du Comité des affaires internationales de la Douma.
« L’exclusivité américaine prenait sa source dans la mission particulière dont les États-Unis se disaient investis comme porteurs des idéaux de la liberté et de la prospérité. De plus, ils n’ont jamais placé le droit international au-dessus de leur droit national. De toute façon, cette idée qui est, par exemple, consacrée dans la Constitution russe, à savoir que les normes du droit internationale priment sur le droit national, n’a jamais été répandue aux États-Unis. Jamais ils ne permettront d’étendre les décisions du Tribunal de La Haye ou de la Cour des droits de l’homme aux citoyens américains, surtout aux militaires. L’Amérique ne se soumettra jamais à l’autorité d’aucune institution internationale multilatérale ».
Les États-Unis partent aujourd’hui du droit du plus fort, et c’est pour cette raison qu’ils ont assorti la lutte contre le terrorisme de traditions anciennes datant de la guerre de sécession et de l’époque de la conquête du Far West. C’est la loi de Lynch ou la justice sommaire qui se passe de preuves, d’avocats et de jurés et se fonde sur la décision prise par le magistrat ou le sheriff. Rien ne peut changer ce modèle de comportement du gouvernement américain, sauf l’affaiblissement global du pays.
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