BDS Une réponse palestinienne aux remarques racistes de Jared Kushner
juin 9, 2019
BDS 34
Samedi 8 juin 2019
Le conseiller principal de la Maison blanche, Jared Kushner, prend la parole pendant la cérémonie d’inauguration de la nouvelle ambassade américaine à Jérusalem, le 14 mai Ronen Zvulun—Reuters. Extrait de la liste des 100 plus importantes images de l’année du Times.
Opinion Haidar Eid 5 juin 2019
Dans la littérature et les discours racistes classiques, les autochtones noirs ou bruns sont dépeints comme des groupes paresseux qui ne peuvent gérer leurs propres affaires ; ils appartiennent à des entités retardées en conflit avec les entités modernes. Les meilleures intentions de ces nations ne débouchent à la fin sur rien et ce qu’ils ont provient du pouvoir de l’illusion et de l’intervention occidentale. L’idéologie raciste du colonialisme justifie l’occupation d’autres pays, et défend ensuite le prétendu visage humain du colonialisme occidental, en général, et du colonialisme d’occupation israélien, en particulier.
Jared Kushner, conseiller de Donald Trump sur le Moyen-Orient et son gendre, a récemment exprimé des doutes sur la capacité des Palestiniens à se gouverner eux-mêmes: « C’est quelque chose qui nous reste à voir. Nous espérons qu’avec le temps, ils deviennent capables de se gouverner… [Les Palestiniens] doivent avoir un système juridique équitable, — la liberté de la presse, la liberté d’expression, une tolérance pour toutes les religions, avant que les territoires palestiniens ne deviennent ‘investissables’. » Bien sûr, pour lui, Israël possède toutes ces libertés, même s’il omet de dire qu’elles sont réservées à un groupe ethno-religieux spécifique.
Il est allé plus loin lorsqu’on lui a demandé si les Palestiniens pouvaient espérer être libérés de l’interférence de l’armée et du gouvernement israéliens en disant que ce serait « mettre la barre haut » ! Pour lui, « ce que [le peuple palestinien] veut, c’est qu’ils veulent l’opportunité de vivre une vie meilleure. Ils veulent l’opportunité de payer leurs hypothèques ».
C’est un cours de racisme, première année, pris tout droit du darwinisme social du 19e siècle.
Une définition classique du racisme, fondé sur une approche strictement biologique, à laquelle croient les semblables de Jared Kushner et autres suprémacistes blancs, de l’Afrique du Sud au Sud de l’Amérique ou à l’Israël de l’apartheid, est que les êtres humains peuvent être distingués selon leur constitution biologique, et que ces différences ont pour conséquences des différences essentielles innées du point de vue de l’intelligence. C’est la justification du racisme. Sur la base de cette logique, les Palestiniens ne sont pas aussi intelligents que les Blancs ashkenazes israéliens pour se gouverner. Laissons de côté le fait que les différences entre groupes sociaux sont fonctions des forces matérielles et historiques. Et ceci s’applique aux différences entre les colons et les autochtones de Palestine.
On se demande si Kushner a jamais entendu parler de Samira Azzam, Salma Khadra Jayyusi, Ghassan Kanafani, Mahmoud Darwish, Toufik Zayyad, Ibrahim Abu Lughd, Hisham Sharabi, Naji Al-Ali, ou Fadwa Touqan—pour ne mentionner que quelques grands esprits palestiniens.
Pour les riches gamins blancs comme Kushner, les Palestiniens ne sont pas de vrais, d’authentiques êtres humains comme les Israéliens ashkénazes, parce qu’ils ne produisent pas de bombes et des machines. Donc ils ne peuvent tout simplement pas se gouverner eux-mêmes. Mais ils sont, bien sûr, responsables pour les tragédies de leur vie, de 1948 à nos jours. Israël, avec les Etats-Unis, a essayé de les civiliser. Les Palestiniens ont une mentalité différente, inférieure à celle des Occidentaux. C’est pourquoi ces Palestiniens, primitifs, incultes, devraient être reconnaissants si les Israéliens ashkénazes étaient assez généreux pour prendre en charge le fardeau de les gouverner.
Le message de Kushner est assez clair : puisque vous ne pouvez avoir confiance dans les Palestiniens pour mener leurs propres affaires, ils devraient accepter « le marché du siècle » et leur reddition en esclavage aux Israéliens. L’idéologie de Kushner est non seulement raciste, mais islamophobe et orientaliste. Je ne doute pas un instant qu’il aurait soutenu les lois Jim Crow [de discrimination envers les Noirs américains] et le régime d’apartheid puisqu’il n’a aucun problème avec la nouvelle loi de l’état-nation israélien !
Laissez-moi terminer par un joyau emprunté à l’un des plus grands penseurs palestiniens du 20e siècle, le regretté Eward Said, qui notait dans Culture and Imperialism que « le facteur commun du colonialisme et du néo-colonialisme, en tant que constituants de l’impérialisme, est le postulat de la supériorité du colonialiste blanc/occidental sur le colonisé noir/autochtone — et le droit du premier à opprimer le second, dont le rôle est seulement de réaffirmer la supériorité du premier ».
Sur Haidar Eid
Haidar Eid est maitre de conférences en littérature post-coloniale et post-moderne à l’université al-Aqsa de Gaza. Il a beaucoup écrit sur le conflit arabo-israélien, en particulier des articles publiés dans Znet, Electronic Intifada, Palestine Chronicle, et Open Democracy. Il a écrit des articles sur les études culturelles et la littérature dans plusieurs revues, dont Nebula, le Journal of American Studies in Turkey, Cultural Logic, et le Journal of Comparative Literature.
Trad. CG pour Campagne BDS France Montpellier
Le dossier BDS
Les dernières mises à jour
Source : Comité BDS France 34
https://bdsf34.wordpress.com/…