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Guerre civile en Syrie : Réalité et Propagande


Le blog de Gilles Munier

Vendredi 31 janvier 2014
Guerre civile en Syrie : Réalité et Propagande

Par le Professeur Jean-Claude Manifacier *

De nombreux sondages d’opinions indiquent qu’en France plus de 70% de la population ne fait plus confiance aux informations fournies par les médias traditionnels de la presse écrite ou audio-visuelle. Ce phénomène s’observe d’ailleurs dans la plupart des pays occidentaux.

Nous allons donner un exemple de désinformation médiatique en analysant la présentation de ce conflit donnée par le New York Times (NYT) et sa version mondiale et mondialiste : l’International New York Times (INYT). Ce dernier journal s’appelait auparavant l’International Herald Tribune (IHT). Il a changé de nom récemment, le mardi 15 octobre 2013. Certains se souviendront peut-être du célèbre film de Jean-Luc Godard où l’actrice Jean Seberg vendait le Herald Tribune avenue des Champs Elysées.

Journal de langue anglaise en vente dans presque toutes les villes du monde, avec des millions de lecteurs, touchant plutôt les classes dirigeantes, son influence est considérable. Certains de ses articles sont repris par de nombreux quotidiens ou hebdomadaires nationaux et régionaux.

Le propriétaire du NYT Adolph S. OCHS avait pris pour slogan publicitaire, en 1897 : “All the New’s that’s fit to print ’’…C’est bien évidemment les propriétaires qui décident de ce qui est important ou utile et donc “fit’’ pour l’impression. Une lecture quotidienne, pendant de nombreuses années, permet de dégager les lignes de force suivantes :

– Défense des intérêts américains et israéliens dans le monde (pas nécessairement dans cet ordre) et ceci sans grand souci ni pour l’idée de justice ni le respect de la vérité.

– Éloge du cosmopolitisme et de toutes les dérives sociétales aussi peu naturelles soient-elles.

– Utilisation permanente selon l’information présentée du « deux poids et deux mesures », double standard, géométrie variable, double éthique, double langage …

– Répétition ad-nauseam des informations jugées utiles à la ligne politique du journal, quelle que soit leur importance réelle. La présentation du journaliste est alors toujours élogieuse et souvent même tendancieuse. Cette anaphore journalistique, à fort pouvoir persuasif dans un discours politique, est très efficace pour endoctriner un lecteur sympathisant et/ou peu critique. Les informations qui peuvent contredire cette ligne sont, par contre, présentées brièvement et en général ne sont pas reprises.

– Critiques souvent féroces de toutes formes de nationalisme, patriotisme ou enracinement hormis celles concernant les deux pays précités.

– Une logique sous-tendant certains articles parfois très élastique : oubli fréquent des principes de non-contradiction et de causalité, sympathiques erreurs et demi vérités, allant jusqu’au sophisme voire même au mensonge culotté.

– Absence d’empathie pour les populations irakiennes, libyennes, syriennes etc. qui subissent les conséquences toujours dramatiques de cette propagande.

Les nombreux articles concernant la Russie de Poutine, parce qu’il défend l’Iran et la Syrie sont ainsi très négatifs, parfois russophobes avec par contre une admiration à peine déguisée pour les Pussy Riots (jeunes filles qui s’agitent, seins nus, dans les églises orthodoxes russes, les églises chrétiennes en France et parfois mais plus rarement des mosquées), les oligarques (personnages étranges, devenus milliardaires en quelques années par pillage des biens nationaux) ou autres opposants. La Chine, le Japon, plutôt neutres sur les problèmes syriens ou iraniens, ne sont pas épargnés. Leurs gouvernements payent cette neutralité par une abondance d’articles montant en épingle les conflits susceptibles d’agiter ces pays de la zone pacifique. L’Iran, qui à l’inverse des USA ou d’Israël, n’a jamais commencé de guerre ce dernier siècle, qui ne pratique ni terrorisme d’Etat, ni assassinat extrajudiciaire par utilisation de drones, est sans doute possible la bête noire de la presse US. Il est soumis, sans jamais aucune remise en question, à cette situation paradoxale où critiques et juges du programme nucléaire iranien sont ceux-là même qui possèdent, voire ont utilisé de telles armes !

Une grande majorité de nos concitoyens sont ainsi persuadés que l’Iran, présenté comme un des centres “du terrorisme international’’, veut la destruction d’Israël. De très nombreux articles du NYT ou de l’INYT rappellent cela, glissant régulièrement dans le cœur d’un article parlant de ce pays : « … l’Iran dont on sait qu’il veut la destruction d’Israël… ». Exemple typique du mensonge culotté puisqu’il y a deux ans, dans une vidéo accessible qui plus est sur le site du NYT, un ministre israélien avouait que son gouvernement savait que c’était un mensonge, mais un mensonge fort utile à Israël. Rappelons que le Guide suprême iranien a simplement déclaré que l’Etat d’Israël, compte tenu de son traitement inhumain du peuple palestinien, « disparaîtrait de l’échelle du temps ».

Présentation du conflit syrien

par l’INYT ou le NYT

De nombreux articles, au rythme de plusieurs par jour, sont publiés depuis le début de ce conflit dans ces journaux. Nous ne donnerons que quelques exemples caractéristiques. Précisons que les articles du NYT ne sont pas toujours repris dans l’INYT et que l’accès en ligne pour le NYT ou l’INYT n’est totalement libre que pour les abonnés.

Après l’attaque au gaz sarin du 21 août 2013, la campagne de diabolisation du régime syrien s’amplifie et fait rapidement la une de tous les médias dans les pays occidentaux. Cette attaque est dans l’immense majorité des cas attribuée d’autorité aux forces de Bachar al-Assad. Aucune preuve de cela n’a cependant jamais été rapportée comme doit l’avouer parfois ce journal mais apparemment sans se soucier de la contradiction qui en résulte entre les différents articles. Les techniques de désinformation sont assez proches de celles utilisées avec une grande efficacité pour préparer l’opinion en prévision des guerres précédentes, contre l’Irak (1991 et 2003) ou contre la Libye plus récemment.

Prenons par exemple l’article : “Amid chaos, Israelis take a stoic view’’ de Jodi Rudoren, Isabel Kershner et Jonatahn Rosen du NYT, 28 Août 2013,

(http://www.nytimes.com/2013/08/29/world/middleeast/amid-chaos-israelis-take-a-stoic-view.html).

On y retrouve les thèmes usuels, avancés lors des précédents conflits :

– … la confirmation d’un sentiment partagé en Israël que leurs voisins arabes ne sont pas prêts pour la démocratie…

– … distribution de masques à gaz par les autorités dans l’attente d’une attaque US contre la Syrie et des menaces de représailles contre Israël…

– … chaque juif doit pour toujours se voir dans une file menant à la chambre à gaz…

– Une grand-mère faisant une déclaration qui, parlant des Syriens, pourrait valoir quelques ennuis en France : « … ce ne sont pas nos frères, plus ils s’entre-tuent meilleur c’est…

– Hannah Haveh, professeur de littérature et de théorie du genre, conclut l’article : … quand les Israéliens vont dans les abris, nous sommes tous unis et nous partageons cette formidable solidarité propre au peuple persécuté.

Le lendemain, dans l’IHT du 30 Août, “Make Assad pay’’, (http://www.nytimes.com/2013/08/30/opinion/global/cohen-make-assad-pay.html),

Roger Cohen d’habitude plus mesuré et l’un des rares journalistes manifestant un peu d’empathie pour le sort tragique des palestiniens, écrit :

– … un monde où le Président Bachar al-Assad semble se moquer du Président des Etats-Unis en transgressant le tabou de l’utilisation d’armes chimiques va dans une très dangereuse direction…le gazage par le clan Assad ne peut pas rester sans réponse…

La campagne contre Bachar est devenue intense. L’article de Jodi Rudoren et Isabel Kershner dans le NYT du 9 sept 2013 : “Lobbying Group for Israel to Press Congress on Syria’’,

(http://www.nytimes.com/2013/09/10/world/middleeast/lobbying-group-for-israel-to-press-congress-on-syria.html),

résume parfaitement l’ambiance qui prévaut dans le journal :

– Le lobby pro israélien AIPAC envoie 300 de ses membres auprès des élus du Congrès US pour les convaincre de soutenir la proposition de frappes militaires contre la Syrie du Président Obama.

– Rappelle que le gouvernement Netanyahu soutient fortement ces frappes.

– Précise que l’ambassadeur israélien aux USA, Michael B. Oren avait donné son feu vert pour que l’AIPAC entre en action.

– Indique enfin que le Président Obama et son Secrétaire d’Etat ont à de multiples reprises parlé d’Israël dans leur argumentation pour des frappes militaires et que la Maison-Blanche a demandé le soutien de l’AIPAC et de l’Anti-Defamation-League.

Parmi les pays occidentaux, la presse anglaise est souvent plus critique. Il faut dire que le Parlement britannique vient de rejeter aux Communes la perspective d’une intervention armée contre la Syrie et ceci au grand mécontentement des journalistes US.

Dans un article du journal anglais l’Independent, du 12 sept 2013: “US Syria analyst, cited by John Kerry, is fired over dodgy CV’’,

(http://www.independent.co.uk/news/world/americas/us-syria-analyst-cited-by-john-kerry-is-fired-over-dodgy-cv-8812968.html),

Richard Hall rapporte qu’Elizabeth O’Bagy, “analyste’’ influente et chroniqueuse au Wall Street Journal avait dû démissionner en catastrophe pour faux et usage de faux concernant ses titres universitaires et complicité avec des groupes proches de la résistance syrienne. Ses articles étaient régulièrement utilisés par le Ministre des affaires étrangères US (Secretary of State) John Kerry ainsi que le Sénateur John McCain dans le but de persuader le Congrès de partir en guerre contre la Syrie.

Les peuples occidentaux, la Chambre en Angleterre et le Congrès US étant, cette fois, majoritairement opposés à une intervention en Syrie, (à l’inverse des campagnes mensongères précédentes contre l’Irak ou la Libye), un accord USA Russie a finalement été trouvé pour entamer des négociations internationales concernant ce conflit. Les manipulations continueront malgré tout par utilisation fréquente d’affirmation du type : “ Bachar a utilisé des armes chimiques’’, quelques exemples parmi des dizaines :

Dans le NYT du 14 Oct. 2013, “The Middle East Pendulum’’, (http://www.nytimes.com/2013/10/15/opinion/the-middle-east-pendulum.html), Roger Cohen répète : “Bachar al-Assad a gazé son propre peuple”.

Pour le NYT du 1er Nov. 2013, “Nonsense From Assad’’, (http://www.nytimes.com/2013/11/02/opinion/nonsense-from-assad.html),

Eliot Engel, membre du Comité des affaires étrangères reprend l’affirmation : “ M. Assad utilise du gaz sarin et pratique le nettoyage ethnique’’.

Pendant des mois des vidéos sont accessibles, elles le sont toujours en 2014, sur le site du NYT où l’on peut voir les atrocités réelles ou supposées commises par Bachar. Elles sont toutes uniquement à la charge du régime syrien.

Le 5 janvier 2014, Michael R. Gordon écrit encore dans le NYT : “On Tour of Mideast, Kerry Says Iran Might Play Role in Syria Peace Talks’’,

(http://www.nytimes.com/2014/01/06/world/middleeast/kerry-iran-syria.html). Le gouvernement d’Assad “ a utilisé des armes chimiques l’année dernière’’.

“Quand Bachar el-Assad gaze des enfants,

peut-on se contenter de tremper ses mains

dans le bénitier…’’ !

Répétons que cette désinformation est générale en Occident. Toute la « grande presse » européenne propage ces mêmes affirmations, avec pour seules preuves celles fournies par l’opposition syrienne. Il est ainsi particulièrement pénible de voir des journaux se réclamant du christianisme aussi peu soucieux de recherche de vérité. Pour donner un exemple, prenons l’Hebdomadaire Chrétien d’Actualité La Vie, N° 3535, 30 mai – 5 juin 2013. Dans son éditorial : “ En Syrie, l’horrible et le pire’’ Jean-Pierre Denis, écrit : “…révélations sur l’usage d’armes chimiques par les forces pro-Assad…’’ et “…on découvre, notamment via un reportage de nos confrères du Monde, que le gaz sarin est très probablement utilisé dans les faubourgs mêmes de Damas….’’. Dans un N° suivant, N° 3549, 5 – 11 septembre 2013, Jean-Pierre Denis va plus loin encore : “Quand Bachar el-Assad gaze des enfants, peut-on se contenter de tremper ses mains dans le bénitier…’’ !

Rares sont les journaux qui abordent ce conflit avec le sens de la mesure. Donnons un rare exemple, celui du journal suisse HORIZONS ET DEBATS, N°30, 14 octobre 2013. Il rapporte la Déclaration du forum de l’Afrique sur la situation en Syrie – Forum des anciens chefs d’Etat et de Gouvernement africains tenu à Pretoria, le 5 septembre 2013 :

-“Il s’agit de savoir si et quelles armes chimiques ont été utilisées, où et quand, et qui les a utilisées…’’

– En tant qu’Africains, nous restons pleinement conscients de la fabrication de campagnes de désinformation dans lesquelles les grandes puissances sont engagées, entre autres en utilisant les chaînes d’information mondiales, pour propager des mensonges aux fins de justifier les interventions armées en Irak et en Libye…

– Nous appuyons fortement l’idée que, principalement, le droit international interdit que tout Etat intervienne dans tout autre Etat pour encourager le renversement violent du gouvernement du moment…

Ce texte est signé par une quarantaine de Membres de l’«Africa Forum» dont : Nelson Rolihlahla Dalibhunga Mandela, ancien Président de la République d’Afrique du Sud et sponsor de l’«Africa Forum», Kofi Atta Annan, ancien Secrétaire général des Nations unies (ONU) et le Professeur Adedeji Adebayo, ancien Sous-Secrétaire des Nations Unies et Secrétaire Exécutif de la Commission des Nations unies pour l’Afrique (UNECA).

Cette facilité à désinformer des médias, apparemment sans beaucoup de réaction des lecteurs, peut surprendre. Elle s’explique au nom de la sacro-sainte liberté de la presse qui va aujourd’hui jusqu’au mensonge pur et simple. Certains journalistes n’hésitent plus à être les zélés propagandistes de tel ou tel pays, parfaitement conscients qu’ils ne courent de fait aucun péril. Rares sont les esprits libres qui prendraient le risque de perdre leur emploi.

Un journaliste célèbre, Seymour Hersh, prix Pulitzer en 1970 pour sa couverture de la guerre du Vietnam a été un des rares à critiquer ce montage de l’attaque au gaz sarin. Son article a bien sûr été refusé par les grands quotidiens US y compris par le New Yorker, où il publie pourtant régulièrement. L’article très détaillé est en ligne sur le site du London Review of Books du 19 Janvier 2013 : “Whose Sarin ?’’

(http://www.lrb.co.uk/v35/n24/seymour-m-hersh/whose-sarin).

« Chercher à qui le crime profite ».

Dans le cas présent concernant la Syrie cette manipulation trouve de toute évidence ses limites puisque une majorité de gens ne font plus confiance aux médias officiels et s’informent sur Internet. Un lecteur averti faisant usage du simple bon sens, d’un esprit critique et logique, sans être ni Hercule Poirot ni Sherlock Holmes, cherchera et trouvera une explication en suivant simplement le vieil adage : « Chercher à qui le crime profite ». Les contradictions et les mensonges étant ici particulièrement grossiers, il utilisera les informations suivantes, vraies celles-là, dont nous disposons pour l’interprétation de ce conflit :

– La Syrie n’a jamais nié posséder des armes chimiques. Notons à ce propos que six autres pays n’ont jamais signé ou ratifié le traité par lequel ils s’engageaient à se débarrasser de telles armes : l’Angola, la Birmanie, la Corée du Nord, l’Egypte, Israël, et le Soudan du Sud.

– Le Président des USA avait mis une ligne jaune à leur utilisation, sous la menace d’une intervention armée des USA et de l’OTAN.

– Malgré ce Casus belli, les médias veulent nous persuader que c’est Bachar al-Assad, qui ayant sous ses yeux les destructions de l’Irak et de la Libye, va passer outre et va gazer son « propre peuple » avec le risque annoncé de sa propre destruction !

– Ceci pour ensuite accepter, quelques semaines plus tard, de se débarrasser de tout son stock d’armement chimique.

L’invasion de l’Irak en 2003 a eu lieu, elle aussi, sous de multiples et faux prétextes et en particulier que le pays possédait des armes de destruction massive (chimique et nucléaire). On notera au passage que M. José Bustani, Directeur général en 2002 de l’OPCV, l’Agence internationale de contrôle des armes chimiques, sera forcé à la démission, sous la pression du néo-conservateur John R. Bolton, parce qu’il voulait envoyer une équipe sur place pour vérifier le bien-fondé de ces accusations. Voir l’article (bien tardif) du INYT, 14 Oct. 2013, de Marlise Simons, article faisant suite à l’attribution du Prix Nobel de la Paix à l’OPCV le 11 Octobre. La désinformation a heureusement trouvé, dans le cas syrien, une limite à la crédulité humaine.

Le montage et sa justification, attribuant à Bachar al-Assad l’utilisation des armes chimiques n’obéit à aucune logique. La vraie question est : pourquoi et dans quel but subissons nous des manipulations médiatiques d’une telle ampleur ? A qui ces crimes profitent-ils ?

Résultat : la résurgence de conflits

le long de lignes religieuses ou ethniques

La réponse se trouve dans le dicton : « Diviser pour régner ». Depuis la création de l’Etat juif, les USA et Israël ont pour des raisons diverses, et dont les conséquences seront à long terme dramatiques pour ces pays et le monde, combattu le pan-nationalisme arabe. Nous en avons eu de multiples exemples : du renversement par la CIA de Mohammad Mossadegh en Iran au conflit de Suez contre Nasser en Egypte aux guerres contre le parti Baas irakien et actuellement syrien. L’exemple de l’Irak, où les morts violentes se comptent par dizaines tous les jours, morts que le NYT attribue, en passant, à des conflits ethniques et religieux mais dont les causes réelles sont les guerres voulues par les néoconservateurs US est un exemple paradigmatique de désinformation. De nombreux articles sur le Net précisent que près d’un million d’Iraquiens sont morts par suite de la guerre de 2003, voir par exemple : le journal médical The Lancet, « The Iraq deaths study was valid and correct, » The Age, 21 October 2006:

http://www.theage.com.au/news/opinion/the-iraq-deaths-study-was-valid-andcorrect/2006/10/20/1160851135985.html?page=fullpage#contentSwap1

ou : Luke Baker, « Iraq conflict has killed a million Iraqis: survey, » Reuters, 30 January 2008:

http://www.reuters.com/article/2008/01/30/us-iraq-deaths-survey-idUSL3048857920080130

Jamais le NYT n’a donné ou commenté ces chiffres, la propagande dans ce journal était essentiellement axé sur les lendemains radieux qui suivraient dans un Irak démocratique ! Un seul article de Timothy Williams, paru dans l’IHT du lundi 23 Février 2009, aborde la situation atroce dans ce pays en parlant de 740.000 veuves en Irak par suite des guerres. Doux euphémisme pour parler des conséquences de l’impérialisme. Le NYT fait par contre, quotidiennement, le bilan du nombre de morts syriens, évalué par l’opposition à 100.000, et dont on peut craindre qu’il n’atteigne le chiffre irakien si la démocratie est imposée par les bombes US ou celles de l’OTAN.

Le résultat bien (pré)visible est la résurgence de conflits le long de lignes religieuses ou ethniques. Le prétexte invoqué de l’importation de la démocratie apparaît ainsi comme une farce tragique. On invoque alors et on ne cesse de parler de terrorisme, technique commode qui évite de poser la question de ses causes. Le lecteur devrait toujours avoir présent à l’esprit cette phrase d’une profonde vérité de la philosophe Simone Weil, morte à Londres en 1943 : “Le terrorisme d’Etat est pire, infiniment pire, que celui commis par des individus irresponsables.’’

Pour terminer et comme je le mentionnais au début, la méfiance, voire la haine, de tout ce qui peut permettre une meilleure cohésion sociale dans des pays ethniquement et/ou religieusement divisés est une constante dans les articles du NYT, de l’INYT et de toute la “grande presse’’ US d’ailleurs. Toute forme d’enracinement, de nationalisme et/ou patriotisme sera donc combattue et ceci aussi bien dans les pays musulmans que dans les pays chrétiens d’Europe. Cela explique pourquoi la Russie ou l’Iran qui ne sont pas des pays impérialistes sont aussi durement et injustement attaqués et ceci paradoxalement par des pays qui ont pratiqué le nettoyage ethnique de millions d’indiens d’Amérique ou qui pratiquent aujourd’hui, dans l’indifférence des journalistes du NYT, le vol de terres et déplacement forcé, depuis trois générations, de millions de palestiniens. Le texte ci-dessous est particulièrement explicite :

“Pour les Etats-Unis, le nationalisme est une maladie qui doit être combattue par tous les moyens; pour les européens l’Etat-Nation demeure la seule entité politique viable. Et, alors que les Américains considèrent le multiculturalisme comme source de force, les Européens le refusent comme étant une marque de perdition…. En résumé, la tâche entreprise il y a 50 ans, le 6 juin 1944 pour la libération de l’Europe doit être menée à terme aujourd’hui.’’

(“Liberating Europe from nationalism may not be easy’’, Jonathan Eyal, IHT, 24/05/94)

En conclusion, rappelons un (bon) slogan de 1968: “ Ouvrez les yeux, Fermez la Télé ’’

*Professeur retraité de Physique (électronique des solides) de l’Université de Montpellier II – Intervention au colloque international de Klingenthal, organisé par CiDAN (Association Civisme Défense Armée Nation (2 – 7/12/13)

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