LE NPA BESANCENOT PORTE-VOIX DE FABIUS ET PORTE-FLINGUE DE LA TERRORISTE ASL
septembre 7, 2012
On n’avait plus revu Besancenot depuis son soutien bénévole à la candidature réactionnaire de Hollande, et la défection de ses propres cadres vers le Front de Gauche. Depuis qu’il a pondu un bouquin il est sur toutes les chaînes, coqueluche des intervieweurs et davantage courtisé que Mélenchon lui-même.
Sous un titre alléchant, le NPA annonce la « désintégration du régime » d’Assad grâce à « la force de la révolution syrienne » .
Comme témoin le NPA invite Shadi Abu Fakher, jeune cinéaste syrien opposant au régime, présenté comme « un des fondateurs des coordinations des quartiers de Damas » .
On apprend à son sujet dans les colonnes de l’Humanité que ce « fonctionnaire à l’Organisme national du cinéma à Damas, né en 1978 à Sweida, a été enlevé rue Alabed, à Damas, de façon arbitraire, le samedi 22 juillet 2011. »
Traduit en justice à Damas le 8 octobre il est libéré sous caution le 5 janvier 2012.
Shadi Abu Fakher affirme que « 70% du territoire syrien est hors du contrôle du pouvoir » . On notera son optimisme, comparé aux déclarations du premier ministre Riad Hijab, destitué et réfugié au Qatar, pour qui le régime de Bachar el-Assad « ne contrôle plus que 30% du territoire » .
Shadi Abu Fakher parle des « manifs pacifiques », « des campagnes de boycott »… « Des fonctionnaires ont arrêté d’aller à leur boulot, pas mal de militaires ont déserté l’armée » , etc.
Il est difficile de vérifier tout cela, mais il ajoute « L’Armée syrienne libre (ASL) est vue comme une composante de la révolution » .
Cependant l’évolution des « printemps arabes » nous a un peu déniaisés, et de composante en composante, voilà une « révolution » qui se trouve effectivement noyautée et dirigée sur le terrain par des salafistes et des wahhabites d’un rare sectarisme et qui ânonnent Allah Akbar à longueur de vidéo, et on se demande bien de quelle révolution il s’agit.
Shadi Abu Fakher détaille les accords passés au sein de l’opposition, la répartition des sièges dans le futur Parlement, et des garanties concernant l’ASL : « face à la peur que l’Armée syrienne libre puisse, après la révolution, être entre les mains des salafistes, des djihadistes, cette dernière a adopté, il y a deux semaines, un pacte qui interdit à ses membres d’entrer dans tel ou tel parti. Elle est là pour servir la révolution » . On y croit.
Seul bémol : c’est bien l’ASL qui exécute des prisonniers, les balance depuis le toit de la Poste et égorge des civils sur le trottoir, et ce sont les salafistes et les djihadistes qui constituent l’essentiel de la force armée « rebelle » , avec ou sans interdiction.
Il ne manque pas toutefois de dénoncer les ingérences étrangères, en nous faisant profiter d’un scoop qu’aucun des médias impérialistes n’aurait osé nous faire avaler :
« Première chose, il faut arrêter l’intervention étrangère qui vient de la Russie, de la Chine, du Hezbollah, de l’Iran qui consolide le régime » .
On pensait que le Qatar, la Turquie et l’Arabie Saoudite armaient et envoyaient des mercenaires, en fait ce sont des chinois barbus avec des passeports qataris.
Au cas où certains s’inquièteraient quand même des appétits nullement dissimulés des USA, de la Grande Bretagne et de la France, il nous rassure :
« Le souci de l’administration US n’est pas le sort de la révolution syrienne, mais celui des armes chimiques et des missiles quand le régime s’effondrera. Contre qui ils pourront être utilisés. Il n’y aura pas d’intervention militaire occidentale malgré quelques voix dans la résistance qui la demandent. Après la chute de Bachar el Assad, l’administration US, l’Otan, les forces occidentales, pourraient décider d’une intervention pour contrôler les armes chimiques, et aussi la mise en place d’un nouveau régime… » Si Obama l’a dit c’est donc vrai. Les impérialistes pourraient intervenir après, et alors ? No comment.
Shadi Abu Fakher ne commente pas non plus le rapport entre la non-intervention de ces puissances impérialistes et le veto russo-chinois. Si ce sont les russes et les chinois qui interviennent, on est en droit de penser que ce veto est mal venu et que l’intervention occidentale est souhaitée par ce révolutionnaire. Ou bien les mots n’ont pas de sens.
Et pour faire bonne mesure : « Deuxième chose, il faut combattre la désinformation concernant la nature de la révolution syrienne et permettre à l’ASL de s’armer.»
La « désinformation » ne vient donc pas des médias impérialistes et qui nous abreuvent à longueur de journée, mais d’une poignée de blogs qui en prennent le contre-pied.
Shadi Abu Fakher demande des armes pour l’ASL.
Sachant que ces armes – qui ne pourraient provenir que des puissances impérialistes – ne sont jamais distribuées gratuitement « pour faire la révolution » mais uniquement pour remplacer le régime d’Assad par un gouvernement compradore, que signifie cet appel ?
Il devient clair que cet « opposant » inverse le vrai et le faux au nom d’une hypothétique révolution , alors que son pays est évidemment l’objet des ingérences occidentales, qui le mettent à feu et à sang.
Mais son silence à ce sujet en dit long sur sa fonction réelle : il met sa naïveté ou son double langage au service de l’impérialisme.
Ses revendications et ses appels finissent dans le sac de Clinton et Fabius et sa rhétorique leur donne une caution « révolutionnaire » à destination des progressistes ignorants des faits.
La force de la révolution syrienne entraîne la désintégration du régime
mercredi 5 septembre 2012
La majorité de la Syrie est en révolte. 70?% du territoire syrien est hors du contrôle du pouvoir. Il y a toujours des manifs partout, des manifs pacifiques, il y a aussi des campagnes de boycott du régime, par exemple pour ne pas payer ce qu’on doit à l’État (impôts, taxes)…
On a adopté une forme horizontale d’organisation pour faire face au mieux aux dégâts causés par les arrestations. Dès qu’il y a une arrestation, une autre structure se met en place et prend contact avec le comité d’à côté.
L’Armée syrienne libre (ASL) est vue comme une composante de la révolution, sa force reste très faible par rapport à l’armée officielle, elle compte près de 100?000 hommes, des militaires qui ont déserté et aussi pas mal de civils volontaires?; leur armement n’a rien à voir avec l’armement de l’armée officielle, des kalachnikovs, quelques roquettes, des fusils de chasse…
Face aux manifestations, le régime est impuissant et s’enferre dans l’escalade de la répression. Il est passé à une étape de punition généralisée. Dès qu’il y a une manif, des roquettes sont lancées, on peut imaginer les dégâts des voitures piégées sur le passage des manifs, des exécutions sommaires filmées et diffusées pour terroriser la population. Les bombardements sur les villes contraignent pas mal de gens à fuir. Au début, il y avait une moyenne de 12, 15 victimes par jour, puis 25, 30, 50, puis 200 et il y a trois jours, dans un seul quartier de Damas, à Daraya, plus de 400 victimes.
Première chose, il faut arrêter l’intervention étrangère qui vient de la Russie, de la Chine, du Hezbollah, de l’Iran qui consolide le régime. Deuxième chose, il faut combattre la désinformation concernant la nature de la révolution syrienne et permettre à l’ASL de s’armer. Il faut secourir d’urgence la population. Pour le reste, la force de la révolution syrienne, nos idées, la mobilisation populaire entraînent la désintégration du régime. Face à un régime qui n’hésite pas à bombarder un quartier, une ville, nous avons besoin d’armes, d’entraînement aussi, parce que la plupart des gens de l’ASL sont des civils qui n’ont pas d’expérience militaire. Dernière chose, l’importance des secours face à 3 millions de réfugiés intérieurs qui ont fui les bombardements et ont besoin d’un abri, de nourriture. On risque d’avoir une réelle famine.
Le souci de l’administration US n’est pas le sort de la révolution syrienne, mais celui des armes chimiques et des missiles quand le régime s’effondrera. Contre qui ils pourront être utilisés. Il n’y aura pas d’intervention militaire occidentale malgré quelques voix dans la résistance qui la demandent. Après la chute de Bachar el Assad, l’administration US, l’Otan, les forces occidentales, pourraient décider d’une intervention pour contrôler les armes chimiques, et aussi la mise en place d’un nouveau régime…
Il y a plus d’un mois et demi, une réunion a eu lieu au Caire avec toutes les forces révolutionnaires de l’intérieur du pays. Elles ont signé un accord sur la nécessité d’un État réellement démocratique, l’égalité entre tous les Syriens, indépendamment de leur appartenance ethnique, politique, religieuse, etc. Cet accord prévoit la création d’un conseil de 150 membres, une sorte de Parlement transitoire, jusqu’à des élections. Il devrait être composé de 25?% de forces de l’opposition, de 25?% des comités de coordination, 25?% de personnalités qui ont aidé la révolution, de leaders locaux et 25?% de technocrates de l’ancien régime à condition qu’ils ne soient pas mêlés à la répression. Un gouvernement transitoire serait mis en place composé de la même façon et un conseil militaire composé de 50?% de l’ASL et 50?% d’officiers de l’ancien régime qui n’ont pas été liés à des massacres, à la répression. Dernière chose, face à la peur que l’Armée syrienne libre puisse, après la révolution, être entre les mains des salafistes, des djihadistes, cette dernière a adopté, il y a deux semaines, un pacte qui interdit à ses membres d’entrer dans tel ou tel parti. Elle est là pour servir la révolution.
Nous n’acceptons pas la position d’une partie de la gauche qui ne soutient pas la révolution syrienne. Je suis venu en France pour aider à faire connaître ce qui se passe en Syrie. Face à cette partie de la gauche qui considère le régime d’Assad comme opposé à l’impérialisme, j’ai trouvé la position du NPA la plus avancée dans le sens de la solidarité. C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai participé à plusieurs débats sur les révolutions du monde arabe. C’est pour moi très positif.
Propos recueillis par Yvan Lemaitre