Légendes urbaines et péri-urbaines autour de l’ASL et de Bachar al-Assad Par Guy Delorme
février 1, 2012
le 1 février 2012
La contre-offensive des forces loyalistes visant à nettoyer les poches de l’ASL encore présentes dans les localités à l’est de Damas s’est poursuivie. Les autorités disent avoir découvert dans l’une d’entre elles, Saqba, un arsenal de l’opposition installé dans une usine désaffectée. Par ailleurs, l’armée a repris le contrôle de la ville de Rankous, à une quarantaine de kilomètres au nord de la capitale, passée très provisoirement aux mains des groupes rebelles. Sinon, les agences de presse parlent de combats « faisant rage » entre loyalistes et insurgés à Idleb et Homs.
L’ASL n’a pas les moyens que lui prêtent nos journalistes
Il faut néanmoins se méfier d’une dramatisation du vocabulaire employé par les médias et agences de presse occidentaux, qui sont tout à la fois dans une logique de déstabilisation du régime syrien, mais aussi de sensationnalisme journalistique pour attirer le client. Un échange de coups de feu dans une rue prend facilement, dans ces conditions, la dimension épique d’un remake de Stalingrad.
L’agence Sana annonce, elle, la mort du colonel du génie Rajed Mahmoud et de quatre sous-officiers, le 31 janvier près de Bassimeh (région de Damas) suite à des accrochages avec un groupe armé : 6 autres militaires ont été blessé, et des rebelles ont également été tués et blessés ; dans la matinée du 1er février, un sous-officier a été tué et deux soldats blessés dans l’attaque d’un véhicule de ravitaillement de l’armée dans la banlieue de Deraa : 11 des assaillants auraient été tués, et d’autres blessés dans l’affaire. Par ailleurs, un « groupe terroriste » a été capturé à Erbine (banlieue de Damas) lors d’une descente des forces de l’ordre.
Il faut redire ici qu’il n’y a pas – et jamais eu – d’offensive coordonnée, stratégique, des rebelles, visant à encercler Damas. Tout simplement parce qu’ils n’en ont pas les moyens, ni en effectifs, ni en armement, ni en commandement.
Les forces de l’ordre en Syrie sont confrontés à des groupes armés, pas à des unités tactiques coopérant dans le cadre d’une stratégie pré-définie. L’ASL et ses épigones – et leur chef, le « colonel » Ryad al-Asaad, l’a ponctuellement reconnu – ne peuvent rien faire d’autre que de tenir un quartier, attaquer des check-points, tendre des embuscades. Et, bien sûr, assassiner des cadres civils et militaires à leur domicile ou dans leur véhicule privé. Il y a sans doute plusieurs milliers de dissidents (assez bien) armés, pas tous syriens, éparpillés à travers la Syrie. Ca ne fait pas une « contre-armée » efficace.
Bien sûr, ces évidences, il n’est pas question pour les commentateurs franco-atlantistes de les reconnaître. Mardi soir 31 janvier, Olivier Ravanello – déjà « remarqué » sur ce site pour l’ensemble de son oeuvre – reprenait au premier degré pour les téléspectateurs d’I-Télé les délires propagandistes du service de presse de l’ASL : « 40 000 combattants« , contrôlant « 50% du territoire syrien« . A ce niveau d’ »enfumage » journalistique, on s’incline bien bas, et l’on réfléchit sérieusement à l’institution d’un prix Pulitzer de la désinformation, pour l’obtention duquel l’ami Ravanello a des chances sérieuses, en dépit d’une concurrence nombreuse et acharnée !
Bachar ne se cache pas, son épouse non plus
Les Ravanello du P.A.F. ont aimé à broder, ces derniers jours, sur le thème de Bachar al-Assad se terrant dans son bunker, plus isolé que jamais et littéralement assiégé dans son palais – et même, selon un bidonnage cyber-opposant, tentant de fuir Damas et la Syrie avec femmes, enfants et bagages. Eh bien tous les Syriens ont pu voir, mardi 31 janvier, leur président visiter les soldats blessés au cours des combats à l’est de Damas. Cela se passait à l’hôpital Youssef al-Azmeh de la capitale.
De son côté, son épouse Asma, que naguère les bobards médiatiques avait annoncée en fuite à Londres et plus récemment tentant de gagner l’aéroport de Damas au milieu des balles de l’ASL, est apparue aux côtés du président pour visiter à son domicile de Damas Pierre Lahham, cet étudiant blessé à l’université de Damas par un étudiant fanatique « pro-démocratie » et pro OTAN, qui avait tué deux de ses camarades pro-Bachar et en avait blessé trois autres. La soeur du blessé dit ne pas croire ses yeux en voyant le président de la République chez eux à la maison et chante « Allah, Sourya, Bachar w Bas ! », cri de ralliement des partisans du régime. Pendant la conversation avec son visiteur, Pierre évoque d’ailleurs les mensonges médiatiques concernant la fuite de Bachar et sa famille et tout le monde rit.
Bref, la Syrie réelle est toujours là !
ci-dessous le lien de la visite de Bachar aux blessés :
http://www.shukumaku.com/Content.php?id=41007
celui de la visite du couple présidentiel à Pierre Lahham :
http://ar-ar.facebook.com/photo.php?v=10150560291681390
et, en bonus, l’accueil des militaires syriens dans la localité de Kafr Bana, à l’est de Damas, nettoyée des rebelles :