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Mensonges et abrutissement en Syrie


par Benkhedda B.

drapeau de la Syrie

 

« Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose ». Paul Joseph Goebbels

Chaque conflit est accompagné d’une propagande de guerre. On distingue deux types de victimes: le peuple qu’on bombarde et le peuple qui finance le bombardement en payant des impôts. L’agresseur a donc intérêt à manipuler l’opinion publique. S’agissant du conflit syrien, nous recevons quotidiennement bon nombre d’informations, mais nous ne pouvons pas savoir si elles sont justes ou fausses. Les informations que nous recevons sont parfois contradictoires et nous plongent dans la confusion.

DEUX PRINCIPES DE LA PROPAGANDE DE GUERRE

Afin de voir les choses de façon plus claire, il est important de prendre en considération les principes de la propagande de guerre. En effet, pour manipuler l’opinion publique, l’agresseur fait recours à deux principes fondamentaux de la propagande de guerre.

1) Occulter les intérêts économiques: L’agresseur fait toujours croire qu’il mène une guerre pour la démocratie et la liberté des peuples, mais ne dit jamais qu’il fait une guerre pour le pétrole et les intérêts des multinationales. Prendre le contrôle de la Syrie, cela veut dire pour les Etats-Unis éliminer la Russie du bassin méditerranéen, neutraliser le Liban, fragiliser d’avantage l’Irak, affirmer la puissance d’Israël et par conséquent assurer la continuité de l’exploitation des richesses de la région. La mise sous contrôle de la Syrie permettra aux Etats-Unis d’attaquer l’Iran. Le cas échéant, ils affaibliront sérieusement les Chinois et les Russes puisqu’ils auront sous contrôle la plupart des réserves d’hydrocarbures ainsi que le détroit d’Ormuz, passage stratégique pour le trafic maritime pétrolier. Les enjeux économiques sont colossaux au point que les Etats-Unis n’hésiteront pas à utiliser tous leurs alliés comme des pions sur l’échiquier politique.

2) Censurer le débat : L’agresseur fait en sorte d’empêcher le public d’avoir accès à deux versions des faits. Malheureusement, la plupart des chaînes de télévisions syriennes ont été éliminées des satellites Hotbird et Nilesat. Des médias intègres donneraient la parole aux deux camps opposés pour que chacun puisse se faire son opinion. Il est à signaler que les informations qui nous parviennent de Syrie sont émises principalement par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Dans un article intitulé « L’Armée syrienne libre : Révolutionnaire ou Contra ? » publié sur le site « voltairenet.org » le 23 juillet 2012, Thierry Meyssan avait écrit ceci : « En collaboration avec le MI6 britannique, Ben Rhodes (conseiller adjoint à la sécurité nationale de communication stratégique à la Maison Blanche) a réussi à imposer comme principale source d’information des agences de presse occidentales une structure fantôme : l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Les médias n’ont jamais questionné la crédibilité de cette signature, alors même que ses affirmations ont été démenties par les observateurs de la Ligue arabe et par ceux des Nations Unies. Mieux, cette structure fantôme, qui n’a ni locaux, ni personnel, ni expertise, est également devenue la source d’information des chancelleries européennes depuis que la Maison-Blanche les a convaincues de retirer leur personnel diplomatique de Syrie ».

Les Etats-Unis continuent à manipuler l’information en Syrie. Ils inversent la victime et l’agresseur, c’est ce qu’ils ont fait d’ailleurs dans des pays comme l’Afghanistan et l’Irak. Pour gagner la guerre, ils présentent le président syrien comme un monstre en lui attribuant tous les méfaits du monde. L’agresseur ne dit jamais qu’il veut soumettre un peuple, mais dit toujours qu’il veut éliminer un dictateur.

LA DIABOLISATION DES ALAOUITES

Depuis l’éclatement des événements en Syrie, on ne cesse de nous dire que le régime syrien est alaouite et que les sunnites sont réprimés dans ce pays. En fait, ce sont deux alibis qui sentent l’opium, ils sont utilisés pour justifier la rébellion et l’ingérence militaire occidentale.

L’attentat du18 juillet 2012 qui a visé le bâtiment de la sécurité nationale à Damas et qui a coûté la vie à trois hauts responsables sécuritaires résume assez bien la nature du régime syrien. Le ministre de la Défense, Daoud Rajha était chrétien ; Asef Chawket, vice-ministre de la défense et beau-frère du président Bachar el-Assad était alaouite ; Hassan Tourkmani, responsable de la cellule de crise chargée de la lutte contre la rébellion était sunnite. Dernièrement on a beaucoup parlé d’un proche du président Bachar el-Assad, le général Manaf Tlasse, fils de l’ancien ministre de la défense Mustafa Tlass, puis on a découvert que sa famille était une famille sunnite riche et célèbre. En réalité, le régime syrien n’est pas aussi alaouite qu’on le pense. L’Etat syrien est multiethnique et multiconfessionnel, le fait que le président soit alaouite ne privilégie en rien le citoyen alaouite ordinaire. Le gouvernement syrien est composé d’une trentaine de ministres, dont plus de la moitié sont des sunnites. En 1983, quand Hafez al-Assad a été hospitalisé, il a été remplacé par un gouvernement d’intérim composé de six sunnites. Son frère Rifaat s’est opposé à lui en le traitant de traitre envers sa propre communauté. Hafez al-Assad a décidé alors d’écarter totalement son frère du pouvoir, ce qui explique que Rifaat est aujourd’hui dans l’opposition.

C’est aberrant de voir des pays qui ne reconnaissent même pas le droit de vote des femmes réclamer plus de démocratie en Syrie. Des pays comme l’Arabie saoudite ont des gouvernements composés exclusivement des membres de la famille royale. Le black-out est total sur les revendications sociales et politiques des groupes minoritaires au royaume wahhabite. Ce qui intéresse les Etats-Unis dans ce royaume est bien évidement autre chose que la démocratie. L’exemple de l’opération AJAX met très bien en évidence le souci des Etats-Unis quant à la démocratie au Moyen-Orient. L’opération a été menée secrètement en Iran, en 1953 par le Royaume-Uni et les États-Unis. Après avoir nationalisé l’Anglo-Iranian Oil Company, Mohammad Mossadegh a été élu premier ministre en 1951, mais les Etats-Unis, défenseurs des peuples opprimés, n’ont par résisté à l’idée de le renverser pour imposer aux Iraniens le pouvoir du Shah.

Les choses deviennent encore plus aberrantes quand nos amis américains nous parlent de liberté de culte en Syrie. La religion officielle de la Syrie est sunnite de rite hanafite. Tous les Syriens ont le droit de pratiquer librement leurs cultes. Mais qu’en est-il des Saoudiens ? Hélas beaucoup d’Arabes bien trop crédules sont soumis à une propagande médiatique, leur ennemi réel, Israël, a été remplacé par la Syrie. Des milliards de dollars et des milliers de djihadistes sont mobilisés pour détruire la Syrie, mais personne ne lève le petit doigt pour sauver la mosquée al-Aqsa qui est sur le point de s?effondrer à cause des tunnels creusés par les Israéliens. Nous ne nions pas que l’opposition syrienne a des revendications légitimes auxquelles le gouvernement doit répondre, mais les deux parties devraient dialoguer pour trouver une solution à la crise loin de l’ingérence étrangère. Nous espérons qu’on ne dira pas dans dix ans : la Syrie a été démantelée par le CIA pour remodeler le Moyen-Orient.

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1 Commentaire
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Francenaldo Amorim
Francenaldo Amorim
11 années il y a

Très bon article, qui explique très bien avec claireté les machiavélisnes de la politique sioniste.

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