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OTAN contre Russie : ce qui se passe ensuite


les 7 du quebec

Robert Bibeau

Mai 31

Par Pepe Escobar.

Paru sur The Cradle sous le titre NATO vs Russia: what happens next
Trois mois après le début de l’opération Z de la Russie en Ukraine, la bataille de l’Occident (12 % de la population mondiale) contre le reste (88 %) continue de se métastaser. Pourtant, le discours – curieusement – reste le même.
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Lundi, depuis Davos, le président exécutif du Forum économique mondial, Klaus Schwab, a présenté le comique-président ukrainien Volodymyr Zelensky, lors de la dernière étape de sa tournée de sollicitation d’armes, en lui rendant un hommage appuyé. Herr Schwab a souligné que cet acteur jouant le rôle d’un président qui défend des néonazis est soutenu par « toute l’Europe et l’ordre international ».

Il veut dire, bien sûr, tout le monde, sauf les 88 % de la planète qui souscrivent au Droit international – au lieu de la fausse construction que l’Occident appelle l’ « ordre international fondé sur des règles ».

Pendant ce temps, dans le monde réel, la Russie a lentement mais sûrement réécrit l’art de la guerre hybride. Pourtant, dans le carnaval des opérations psychologiques de l’OTAN, de l’infiltration cognitive agressive et de l’incroyable servilité des médias, on parle beaucoup de la nouvelle « aide » américaine de 40 milliards de dollars à l’Ukraine, jugée capable de changer la donne dans la guerre.

Cette histoire de « changement de donne » nous est servie par les mêmes personnes qui ont dépensé des milliers de milliards de dollars pour sécuriser l’Afghanistan et l’Irak. Et nous avons vu comment cela s’est terminé.

L’Ukraine est le Graal de la corruption internationale. Ces 40 milliards de dollars ne peuvent changer la donne que pour deux catégories de personnes : D’abord, le complexe militaro-industriel américain, et ensuite une bande d’oligarques ukrainiens et d’ONG de tendance néocon, qui s’accapareront le marché noir des armes et de l’aide humanitaire, puis en blanchiront les profits dans les îles Caïmans.

Un coup d’œil rapide aux 40 milliards de dollars révèle que 8,7 milliards de dollars serviront à reconstituer le stock d’armes américain (qui ne sera donc pas du tout destiné à l’Ukraine) ; 3,9 milliards de dollars vont à l’USEUCOM (le « bureau » qui dicte ses tactiques militaires à Kiev) ; 5 milliards de dollars vont à une fumeuse et non spécifiée « chaîne d’approvisionnement alimentaire mondiale » ; 6 milliards de dollars vont aux armes réelles et à l’ « entraînement » des forces armées de l’Ukraine ; 9 milliards de dollars iront à l’ « assistance économique » (et disparaîtront dans des poches sélectionnées) ; et 0,9 milliard de dollars vont aux réfugiés.

Les agences d’évaluation de risque américaines ont classé Kiev dans la catégorie des entités non solvables, de sorte que les grands fonds d’investissement américains abandonnent l’Ukraine, laissant l’Union européenne (UE) et ses États membres comme seule option pour le pays.

Peu de ces pays, à l’exception d’entités russophobes telles que la Pologne, peuvent justifier auprès de leurs propres populations l’envoi d’énormes sommes d’aide directe à un État en faillite. Il incombera donc à la machine européenne basée à Bruxelles d’en faire juste assez pour maintenir l’Ukraine dans le coma économique, indépendamment de toute contribution des États membres et des institutions.

Ces « prêts » de l’UE – essentiellement sous forme de livraisons d’armes – peuvent toujours être remboursés par des exportations de blé de Kiev. C’est ce qui se passe déjà à petite échelle via le port de Constanta en Roumanie, où le blé ukrainien arrive par barges sur le Danube et est chargé chaque jour dans des dizaines de cargos. Ou encore, via des convois de camions desservant le racket « armes contre blé ». Cependant, le blé ukrainien continuera à nourrir les riches occidentaux, pas les Ukrainiens appauvris.

De plus, attendez-vous à ce que l’OTAN invente cet été une autre psy-op monstrueuse pour défendre son droit divin (et non légal) d’entrer dans la mer Noire avec des navires de guerre pour escorter les navires ukrainiens transportant du blé. Les médias pro-OTAN diront que l’Occident est « sauvé » de la crise alimentaire mondiale, qui est directement causée par les trains de sanctions hystériques occidentales.
La Pologne opte pour une annexion en douceur

L’OTAN renforce en effet massivement son « soutien » à l’Ukraine via sa frontière occidentale avec la Pologne. C’est en phase avec les deux grands objectifs de Washington : Premièrement, une « longue guerre », de type insurrectionnelle, comme en Afghanistan dans les années 1980, où les jihadistes sont remplacés par des mercenaires et des néonazis. Deuxièmement, les sanctions instrumentalisées pour « affaiblir » la Russie, militairement et économiquement.

Les autres objectifs restent inchangés, mais sont subordonnés aux deux principaux : s’assurer que les Démocrates sont réélus lors des élections de mi-mandat (ce qui ne va pas se produire) ; irriguer le complexe militaro-indutriel avec des fonds recyclés sous forme de pots-de-vin (ce qui se produit déjà) ; et maintenir l’hégémonie du dollar américain par tous les moyens (difficile : le monde multipolaire est en train de s’organiser).

L’un des principaux objectifs atteints avec une facilité déconcertante est la destruction de l’économie allemande – et par conséquent de l’UE -, avec une grande partie des entreprises survivantes promises à être bradées à des intérêts américains.

Prenez, par exemple, Milan Nedeljkovic, membre du conseil d’administration de BMW, qui a déclaré à Reuters que « notre industrie représente environ 37 % de la consommation de gaz naturel en Allemagne ». Elle sombrera sans les approvisionnements en gaz russe.

Le plan de Washington est de maintenir la nouvelle « longue guerre » à un niveau pas trop incandescent – pensons à la Syrie dans les années 2010 – alimentée par des nuées de mercenaires, et comportant des escalades périodiques de l’OTAN via n’importe qui, de la Pologne et des nains baltes jusqu’à l’Allemagne.

La semaine dernière, le pitoyable eurocrate qui se fait passer pour le Haut Représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a vendu la mèche lors de son annonce de la prochaine réunion du Conseil des affaires étrangères de l’UE.

Borrell a admis que « le conflit sera long » et que « la priorité des États membres de l’UE » en Ukraine « consiste à fournir des armes lourdes. »

Puis le président polonais Andrzej Duda a rencontré Zelensky à Kiev. La série d’accords signés par les deux hommes indique que Varsovie entend profiter largement de la guerre pour renforcer son influence politico-militaire, économique et culturelle en Ukraine occidentale. Les ressortissants polonais seront dorénavant autorisés à être élus dans les organes gouvernementaux ukrainiens, et pourront même prétendre à devenir juges constitutionnels.

En pratique, cela signifie que Kiev transfère la direction de l’État ukrainien en faillite à la Pologne. Varsovie n’aura même pas à envoyer de troupes. Appelons cela une annexion en douceur.
Un rouleau compresseur en action

En l’état actuel, la situation sur le champ de bataille peut être examinée sur cette carte [en date d’hier, NdT]. Les communications interceptées du commandement ukrainien révèlent leur objectif de construire une défense par couches, de Poltava à Dnepropetrovsk, Zaporozhie, Krivoy Rog et Nikolaev – qui se trouve jouer les boucliers pour Odessa, déjà fortifiée. Mais rien de tout cela ne garantit une réussite contre l’assaut russe à venir.

Il est toujours important de se rappeler que l’opération Z a débuté le 24 février avec environ 150 000 militaires – et certainement pas les forces d’élite de la Russie. Et pourtant, ils ont libéré Marioupol et détruit le bataillon d’élite néonazi Azov en l’espace de cinquante jours seulement, nettoyant une ville de 400 000 habitants avec un minimum de pertes.

Tout en menant une véritable guerre au sol – pas ces bombardements américains à l’aveugle depuis les airs – dans un pays immense contre une armée nombreuse, en faisant face à de multiples défis techniques, financiers et logistiques, les Russes ont également réussi à libérer Kherson, Zaporizhie et la quasi-totalité de la zone des « bébés jumeaux », les républiques populaires de Donetsk et Lugansk.

Le commandant des forces terrestres russes, le général Aleksandr Dvornikov, a accéléré les frappes de missiles, d’artillerie et d’avions à un rythme cinq fois plus rapide que lors de la première phase de l’opération Z, tandis que les Ukrainiens, dans l’ensemble, manquent de carburant, de munitions pour l’artillerie, de spécialistes entraînés, de drones et de radars.

Ce que les généraux américains assis dans leurs fauteuils et à la télévision ne peuvent tout simplement pas comprendre, c’est que dans la vision russe de cette guerre – que l’expert militaire Andrei Martyanov définit comme une « opération combinée d’armes et de police » – les deux principaux objectifs sont la destruction de tous les moyens militaires de l’ennemi, tout en préservant la vie de ses propres soldats.

Ainsi, si perdre des chars n’est pas un problème pour Moscou, perdre des vies l’est. Et c’est ce qui explique les bombardements russes massifs ; chaque cible militaire doit être détruite de manière concluante. Les frappes de précision sont cruciales.

Le débat fait rage parmi les experts militaires russes sur la raison pour laquelle le ministère de la défense ne recherche pas une victoire stratégique rapide. Ils auraient pu réduire l’Ukraine en cendres – à la manière américaine – en un rien de temps. Cela ne se fera pas. Les Russes préfèrent avancer lentement et sûrement, à la manière d’un rouleau compresseur. Ils n’avancent qu’après que les sapeurs aient entièrement déminé le terrain ; après tout, il y a des mines partout.

Le schéma général est transparent, quel que soit le barrage de désinformation de l’OTAN. Les pertes ukrainiennes deviennent exponentielles – jusqu’à 1 500 morts ou blessés par jour, tous les jours. S’il y a 50 000 Ukrainiens dans les différents chaudrons du Donbass, ils auront disparu d’ici la fin juin.

L’Ukraine a dû perdre jusqu’à 20 000 soldats dans et autour de la seule Marioupol. C’est une défaite militaire massive, qui surpasse largement Debaltsevo en 2015 et précédemment Ilovaisk en 2014. Les pertes près d’Izyum pourraient être encore plus élevées qu’à Marioupol. Et maintenant arrivent les pertes dans le coin de Severodonetsk.

Nous parlons ici des meilleures forces ukrainiennes. Peu importe que seulement 70 % des armes occidentales envoyées par l’OTAN arrivent sur le champ de bataille : le problème majeur est que les meilleurs soldats sont en train de partir… de partir… sont partis, et ne seront pas remplacés. Les néo-nazis d’Azov, la 24e brigade, la 36e brigade, diverses brigades d’assaut aérien – ont tous subi des pertes de plus de 60 % ou ont été complètement démolis.

La question clé, comme l’ont souligné plusieurs experts militaires russes, n’est donc pas de savoir si et quand Kiev « perdra », mais combien de soldats Moscou est prêt à perdre pour y parvenir.

Toute la défense ukrainienne est basée sur l’artillerie. Les principales batailles à venir impliqueront donc de l’artillerie à longue portée. Il y aura des problèmes, car les États-Unis sont sur le point de livrer des systèmes M270 MLRS avec des munitions guidées de précision, capables d’atteindre des cibles à une distance de 70 kilomètres ou plus.

La Russie, cependant, dispose d’une possibilité de contre-attaque: le petit complexe opérationnel et tactique Hermes, qui utilise des munitions de haute précision, la possibilité d’un guidage laser et une portée de plus de 100 kilomètres. Et ils peuvent fonctionner en conjonction avec les systèmes de défense aérienne Pantsir déjà produits en série.
Un navire en plein naufrage

L’Ukraine, dans ses frontières actuelles, appartient déjà au passé. Georgy Muradov, représentant permanent de la Crimée auprès du président russe et vice-premier ministre du gouvernement de Crimée, est catégorique : « L’Ukraine sous la forme dans laquelle elle était, je pense, ne subsistera plus. C’est déjà l’ancienne Ukraine ».

La mer d’Azov est désormais devenue une « mer d’utilisation conjointe » par la Russie et la République populaire de Donetsk (RPD), comme l’a confirmé Muradov.

Marioupol sera restaurée. La Russie a acquis une grande expérience dans ce domaine, tant à Grozny qu’en Crimée. Le corridor terrestre Russie-Crimée est ouvert. Quatre hôpitaux sur cinq à Marioupol ont déjà rouvert et les transports publics sont de retour, ainsi que trois stations-service.

La perte imminente de Severodonetsk et de Lysichansk fera sonner de sérieuses sonnettes d’alarme à Washington et à Bruxelles, car cela représentera le début de la fin du régime actuel de Kiev. Et cela, à toutes fins utiles – et au-delà de la rhétorique vertueuse de type « l’Occident est avec vous » – signifie que les acteurs lourds ne seront pas précisément encouragés à parier sur un navire en plein naufrage.

Sur le front des sanctions, Moscou sait exactement à quoi s’en tenir, comme le détaille le ministre du Développement économique, Maxim Reshetnikov : « La Russie part du fait que les sanctions à son encontre sont une tendance à plutôt long terme, et du fait que le pivot vers l’Asie, l’accélération de la réorientation vers les marchés orientaux, vers les marchés asiatiques est une direction stratégique pour la Russie. Nous ferons tous les efforts possibles pour nous intégrer dans les chaînes de valeur précisément avec les pays asiatiques, avec les pays arabes, avec l’Amérique du Sud. »

En ce qui concerne les efforts visant à « intimider la Russie », les joueurs seraient bien avisés d’écouter le son hypersonique des 50 missiles de pointe Sarmat qui seront prêts au combat cet automne, comme l’a expliqué le chef de Roscosmos, Dmitry Rogozine.

Les réunions de cette semaine à Davos mettent en lumière un autre alignement qui se forme dans la bataille du monde unipolaire contre le monde multipolaire. La Russie, les petits jumeaux, la Tchétchénie et des alliés tels que le Belarus sont désormais opposés aux « leaders de Davos », c’est-à-dire à l’ensemble de l’élite économique et politique occidentale, à quelques exceptions près, comme le Premier ministre hongrois Viktor Orban.

Zelensky s’en sortira très bien. Il est protégé par les forces spéciales britanniques et américaines. Il a été rapporté que sa famille vit dans un maison de 8 millions de dollars en Israël. Il possède une villa de 34 millions de dollars à Miami Beach, et une autre en Toscane. Les Ukrainiens moyens ont été trompés, volés et, dans de nombreux cas, assassinés par le gang de Kiev qu’il préside – oligarques, fanatiques du service de renseignement (SBU), néonazis. Et les Ukrainiens qui restent (10 millions ont déjà fui) continueront d’être considérés comme sacrifiables.

Pendant ce temps, le président russe Vladimir « nouvel Hitler » Poutine n’est absolument pas pressé de mettre fin à ce drame plus grand que nature qui achève de ruiner et de pourrir l’Occident, qui était déjà en pleine décadence. Pourquoi le ferait-il ? Il a tout essayé, depuis 2007, sur le front du « pourquoi ne pouvons-nous pas nous entendre ». Poutine a été totalement rejeté. Il est donc temps de s’asseoir, de se détendre et d’assister au crépuscule de l’Occident.

Traduction Corinne Autey-Roussel
Illustration Gerd Altmann / Pixabay

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