Syrie : le Krak des Chevaliers porte les traces d’âpres combats
mars 22, 2014
FRANCE-IRAK-ACTUALITE
Syrie : le Krak des Chevaliers porte les traces d’âpres combats
Publié par Gilles Munier
22 Mars 2014, 17:23pm
Revue de presse : Assawra (22/3/14)*
Colonnes noires de suie et croisées d’ogives partiellement détruites, le Krak des Chevaliers, la célèbre citadelle croisée du centre de la Syrie inscrite au patrimoine mondial de l’humanité, a souffert de la guerre entre forces armées et rebelles.
Si la façade extérieure et la majeure partie de l’édifice, datant du 12e et 13e siècle, semblent intactes, c’est la cour basse qui a été la plus touchée : des piliers et des arches sont à terre ou noircis par le feu, et de grosses pierres de l’édifice gisent au sol sans qu’il soit possible de savoir avec certitude si ces dégâts datent de la prise du fort jeudi ou de bombardements précédents.
En revanche, la correspondante de l’AFP qui faisait partie d’un groupe de journalistes invité à se rendre sur place avec l’armée syrienne, n’a pas vu de traces de balles sur les murs. Seul un panneau indicateur en métal à l’extérieur du bâtiment est criblé.
Selon le colonel qui accompagne la presse, 700 rebelles vivaient dans le château où des effets personnels abandonnés témoignent d’une vie quotidienne bien organisée.
« Nous avons agi de manière à préserver le Krak et à ne pas l’endommager », assure-t-il.
Perchée en haut d’une colline, la citadelle fut construite en 1031 par les Abbassides mais c’est Tancrède, régent d’Antioche, qui s’en empara en 1110 et y installa une garnison franque, lors de la première croisade.
En 1142, le château fut confié à l’ordre des Hospitaliers, qui construisit plusieurs ouvrages défensifs, et c’est de cette époque que date le nom de Krak des Chevaliers.
En juillet 2011, quelques mois après le début de la révolte, le fort est passé aux mains des rebelles. Les habitants sunnites de la ville d’al-Hosn, où est située la citadelle, s’en sont emparés, puis des insurgés, notamment libanais, sont venus leur prêter main forte. Outre les salafistes de Jund al-Cham, des jihadistes du Front al-Nosra s’y sont installés en grand nombre.
A l’intérieur, une des pièces a été transformée en salle de commandement et chambre à coucher pour les chefs rebelles : tapis au sol, lits alignés, meurtrières cachées par des rideaux. Des habits d’homme sont dispersés dans la pièce. Un coin a été aménagé en cuisine et dans une petite armoire il y a du riz et de la margarine. Dans une casserole, un reste de riz et de viande.
A proximité, se trouve une chambre réservée aux femmes, selon l’officier. Des matelas sont disposés sur le sol, il y a un petit bureau, des livres religieux, du désinfectant, du henné, une poudre utilisée pour teindre les cheveux, et des vêtements de femme. La salle sent encore l’encens. Dans une cour, des tongs et des bassines pleines de vêtements à laver, pendant que d’autres sèchent.
Des charges explosives et des obus de mortier sont stockés dans une salle.
Au pied du château, dans le village d’al-Hosn, à 50 km à l’ouest de Homs, les destructions sont considérables. Les vitrines de magasins sont brisées, les rideaux de fer où sont écrits des slogans contre le régime ont été arrachés, et la rue est couverte de bris de verre.
Trois ânes avec leur bât gisent sur la chaussée. Des immeubles sont perforés par des obus et de la fumée noire s’échappe d’autres bâtiments.
« L’opération a commencé il y a environ un mois. L’armée s’est d’abord emparée (des localités voisines) d’Azzara et de Chouayhed, puis du quartier de Midan à l’intérieur de la ville », assure le colonel escortant les journalistes. « Nous avons pris les rebelles par surprise en rentrant par l’ouest alors que l’entrée est située à l’est. L’opération a commencé jeudi à 03H00 (01H00 GMT) et a duré 12 heures ».
« Certains ont tenté de fuir vers le Liban mais l’armée a mené plusieurs embuscades », explique-t-il, évoquant « des morts et des blessés ».
Une source militaire avait affirmé que onze rebelles avaient été tués jeudi en fuyant le Krak des Chevaliers. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), au moins 60 personnes, civils et combattants rebelles, ont été tuées ou blessées en fuyant la région de Hosn vers le Liban.
*http://www.assawra.info/spip.php?article6527