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Syrie : les médias ont leur propre peuple.


 Le peuple syrien a peur pour son pays, pour lui-même et pour ses enfants. Il a d’autant plus peur qu’il  voit ce que sont devenus l’Irak et la Libye, après qu’ils aient subi le même vacarme médiatique. Il est donc sorti, par centaines de milliers, à travers toute la Syrie pour dire, comme il faut le dire, qu’il refuse ce que les «amis de la Syrie» lui réservent. Hommes, femmes, jeunes, vieilles et vieillards, se sont rassemblés dans une explosion de couleurs, dans l’espoir qu’enfin on cesse de faire croire qu’ils veulent que l’OTAN vienne les bombarder. Ils ont aussi dit qu’ils se défendraient  contre toute agression. Mais le comité de rédaction international unifié ne les a pas vus, ne voulait pas les voir. Il a juste vu, comme il est prévu dans son lexique, une «démonstration de force du régime au premier anniversaire de la révolte». Parce que, selon lui, «le régime de Bachar al Assad a fait défiler… des milliers de personnes… dans les grandes villes du pays, à l’occasion d’une démonstration de force coïncidant avec le premier anniversaire du début du soulèvement contre le pouvoir». Le même, qui a écrit cela, pourra dire plus tard, si les choses tournent mal, que ses sources l’avaient trompé ou fera mine de ne jamais rien avoir écrit de tel. A l’instar de ceux qui dénoncent, après coup, les «nouveaux maîtres» de la Libye, omettant le soutien qu’ils leur ont apporté, il y a quelques mois. Ainsi un peuple, surtout dit arabe, ne peut pas décider pour lui-même, même pour faire une révolution. Il lui faut se mettre derrière un CNT labélisé à Paris,  à Londres ou ailleurs, sinon il n’existe pas, en lui-même, et se confond avec le «régime» qui le dirige. Il ressemblera à ce genre de description : «Dans une ambiance quasi festive, les pro-régime  agitaient des drapeaux syriens et russes pour ‘’remercier Moscou de son soutien à Damas’’». Beaucoup portaient des portraits du président sur lesquels était écrit «On t’aime». Des «pro-régime», rien de plus méprisant comme qualificatif, quand on n’obéit pas au programme établi. Ce programme que portent les «défenseurs des droits de l’Homme», qui savent mieux que l’Homme où se trouve son salut. Pour la Libye les ONG se dénombraient à 70, pour la Syrie elles sont deux cents à hurler ceci : «Unissez-vous pour la Syrie : mettez fin à une année d’effusion de sang». Aucune ne s’est autant mobilisée ailleurs et surtout pas pour «mettre fin» à soixante-quatre années d’effusion de sang en Palestine. Pourtant, on peut penser que le peuple syrien est en train de gagner. Les décideurs de la «démocratisation aéroportée», nonobstant l’obstacle russo-chinois, sont moins chauds que d’habitude à aller ouvrir des autoroutes devant leurs supplétifs, vers la «victoire». Le Potus Barak Obama vient de le confirmer en déclarant que «l’idée selon laquelle la manière de résoudre chacun de ces problèmes est de déployer notre armée, cela n’a pas été vrai dans le passé et cela ne le sera pas plus maintenant». Ce n’est évidemment pas de la sagesse, c’est du pragmatisme coulé dans l’implacable réalité d’un contexte international qui a remis en cause l’unipolarité.         

Par Ahmed Halfaoui 
 
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